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Il y a des récitalistes, et puis il y a Joyce DiDonato. Certes, il existe de nombreux artistes aux voix aussi magnifiques, dotés d’une musicalité exemplaire, d’un pouvoir de communication et d’une présence scénique charismatique, mais très peu ont le désir – et la capacité – d’offrir à leur public une expérience extramusicale, un message vital et opportun que nous avons tous besoin d’entendre.
C’est le cas de son projet de récital actuel, Eden, que la mezzo américaine présente à son public depuis l’automne 2021 dans le cadre d’une tournée mondiale qui la mènera dans 45 villes sur cinq continents d’ici 2024. À travers la musique, les textes des chansons et une mise en scène évocatrice, son spectacle célèbre la puissance et la beauté de la nature, tout en soulignant les maux de l’humanité dans sa destruction de l’environnement par l’exploitation humaine et la discorde sociale. Ce spectacle est le cri de ralliement personnel et musical de Joyce DiDonato.
Pour les passionnés de chant habitués aux récitals de chansons, le spectacle de DiDonato est une bouffée d’air frais. De tels récitals classiques à thème sont assez fréquents en Europe et au Royaume-Uni, mais très rares en Amérique du Nord. Un spectacle aussi élaboré qu’Eden ? Pratiquement jamais vu. Ce genre de « concert à message » définit la mezzo, comme en témoigne In War and Peace présenté il y a quelques années. En tant qu’« activiste musicale », Mme DiDonato utilise son art pour promouvoir une cause. Un disque de ce spectacle est paru chez Erato il y a quelques mois et des programmes éducatifs impliquant des jeunes et des partenariats multiples sont prévus à chaque étape de sa tournée. Le spectacle a été accueilli avec enthousiasme au Barbican Centre de Londres, à Chicago et au Carnegie Hall et il sera maintenant présenté à Montréal et à Québec en janvier.
J’ai eu l’immense chance d’assister au spectacle de Mme DiDonato au Koerner Hall de Toronto en avril dernier. Il ne ressemblait à rien de ce que j’avais vu. Le spectacle s’est ouvert sur une scène obscure, sa voix désincarnée imprégnant l’auditorium. Puis elle a été révélée au milieu d’une plate-forme circulaire entourée de pièces métalliques incurvées. Elle a commencé à chanter une sélection intrigante de chansons, de Charles Ives à Mahler, toutes choisies pour la pertinence du texte par rapport à la nature, au renouveau personnel et environnemental. L’action sur scène était hautement chorégraphique et mise en valeur par un éclairage efficace.
L’ensemble baroque Il Pomo d’Oro, dirigé par le chef d’orchestre Maxim Emelyanychev, a joué un rôle important dans ce spectacle éblouissant. Il a dirigé ses forces avec élan en soutenant totalement la soliste. DiDonato a chanté pendant près de 70 minutes un répertoire exigeant, ponctué de quelques sélections orchestrales. Plus tard dans le spectacle, elle s’est adressée directement au public pour expliquer la raison d’être de son programme. De jeunes écoliers et une chorale locale se sont joints à elle pour chanter Seeds of Hope, une chanson composée pour l’occasion.
Tout au long du concert, les ovations ont été nombreuses. À la fin, Joyce DiDonato et les autres artistes ont reçu un tonnerre d’applaudissements et des ovations debout – il était clair que le public était véritablement ému par ce qu’il venait de voir. En guise de cadeau de départ, chacun a reçu un souvenir en quittant la salle, un disque de graines de plantes.
Les « graines d’espoir » poussent très bien près de ma fenêtre…
Traduction par Mélissa Brien
Montréal, Place des Arts, salle Wilfrid-Pelletier
Dimanche 29 janvier 2023, 16 h
(présenté par Traquen’Art) BilletsQuébec, Palais Montcalm
Lundi 30 janvier 2023, 19 h 30 (coprésenté par le Club musical de Québec et le Palais Montcalm)Joyce DiDonato apparaît dans l’émission Met Live in HD: Kevin Puts’s The Hours, à 12 h 55 HE, le 10 décembre, dans certains cinémas Cineplex.
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