Critique | Ennio de Giuseppe Tornatore célèbre le compositeur de films Ennio Morricone

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Ainsi fut écrite la musique de l’Ouest. Le documentaire Ennio de Giuseppe Tornatore rend hommage au grand et regretté compositeur de certaines des bandes originales de films les plus innovantes des 60 dernières années.

D’une durée de plus de 150 minutes, le documentaire de Giuseppe Tornatore sur Ennio Morricone a l’ampleur et la longueur de certains des films classiques dont il a signé la musique – Le bon, la brute et le truand, 1900, Il était une fois en Amérique, La Mission, etc. Et, comme il se doit, compte tenu du don de Morricone pour défier les attentes, il est agrémenté de surprises insolites dans les scènes d’ouverture et de clôture de sa vie.

Pendant ses années de formation (Morricone est né à Rome en 1928), son père désapprouve ses ambitions rêveuses et le pousse vers quelque chose de plus pratique. Jusqu’ici, rien d’inhabituel dans l’histoire des origines d’un grand artiste. Sauf que Morricone voulait être médecin et que son père, musicien, a insisté pour qu’il joue de la trompette afin de subvenir aux besoins de la famille.

Huit décennies plus tard, Morricone compose sa dernière partition originale, pour le film de Tarantino, Les huit enragés. Tarantino s’attendait à un festin de western spaghetti classique de la part du maestro. Il a obtenu une symphonie aux accents stravinskyens, d’une menace implacable, pour laquelle Morricone a reçu son deuxième Oscar (le premier étant un prix pour l’ensemble de sa carrière en 2007).

Comme le montre ce documentaire exhaustif et passionnant, Tarantino n’était pas le premier réalisateur à approcher Morricone avec une liste de demandes prescriptives, pour obtenir à la place ce dont le film avait besoin. Les frères Taviani, par exemple, avaient demandé un morceau uniquement composé de percussions pour accompagner l’apogée révolutionnaire de leur film Allonsanfàn (1974) ; Morricone leur a livré la magnifiquement mélodique Rabbia e tarantella (que Tarantino a réutilisée pour Le Commando des bâtards). Et dans l’un des nombreux moments amusants du documentaire, Oliver Stone s’est attiré les foudres de Morricone en lui montrant un dessin animé de Tom et Jerry dans le but de l’inspirer pour la musique de U-Turn (1997). Stone glousse en se rappelant que Morricone lui a rétorqué d’un ton méprisant : « Vous voulez que j’écrive une musique de dessin animé ? ».

Tornatore, dont les musiques de Cinema Paradiso et de La légende de 1900 ont été composées par Morricone, remplit son documentaire d’une multitude d’extraits de films et de témoignages de célébrités, mais c’est à Morricone lui-même qu’il donne le plus grand temps d’écran, le filmant chez lui peu de temps avant sa mort, à 91 ans, en 2020.

Les souvenirs de Morricone sont toujours révélateurs, et souvent émouvants. Il a des haut-le-cœur à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il évoque l’humiliation de son adolescence à jouer de la trompette pour son repas devant les troupes allemandes, puis américaines. Parfois, ses silences sont tout aussi éloquents, ce qui, une fois encore, est tout à fait conforme au style de Morricone, qui repose souvent sur une tension alléchante avant de céder à une surcharge sensorielle totale. Écoutez, par exemple, la note d’introduction longuement soutenue du thème de Deborah dans Once Upon a Time in America. Ou la douce clarinette qui s’élève vers l’hymne révolutionnaire entraînant de 1900 de Bertolucci.

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La base de fans de Morricone, composée de cinéphiles et d’aficionados de la bande sonore, doit également attendre. Il faut attendre quarante minutes pour que le documentaire aborde la première grande partition de Morricone, les cloches, les sifflets, les craquements et les grognements de Pour une poignée de dollars.

Mais ce qui précède sa carrière au cinéma n’est pas moins passionnant. Il est fascinant de voir et d’entendre comment le style distinctif de Morricone a évolué, depuis la période où il fournissait des arrangements pour des chansons pop pour RCA, jusqu’à ce qu’il assiste à une représentation  de John Cage en Italie, accompagnée de bruits d’objets brisés et d’un malaxeur. Cette dernière expérience semble avoir été l’étincelle qui a inspiré Morricone à inclure toutes sortes de sons « trouvés » dans ses compositions (le hurlement du coyote dans Le bon, la brute et le truand, ou l’étonnante symphonie de bois qui craque, de mouches qui bourdonnent et d’eau qui goutte dans la scène d’ouverture d’Il était une fois dans l’Ouest).

L’histoire de Morricone est centrée sur sa lutte contre l’idée que la musique de film est en quelque sorte une prostitution de l’art du compositeur classique, un préjugé qui lui a été inculqué par son mentor et professeur bien-aimé, Goffredo Petrassi, et dont le documentaire rend compte avec l’intensité d’une tragédie grecque.

Des centaines de films et d’innombrables récompenses plus tard, Morricone a manifestement trouvé la paix avec la forme d’art qui l’a défini. En effet, c’est en grande partie grâce aux réalisations épiques de Morricone que cette forme d’art s’est transformée.

En salles au Québec à partir du 9 décembre.

Horaires disponibles en ligne le 6 décembre.

Liste des cinémas :

Montréal : Cinéma du Parc (sous-titres anglais), Cinéma Beaubien (sous-titres français) et Cinéma du Musée (sous-titres français)
Québec : Cinéma Le Clap et Cinéma Cartier
Sherbrooke : La Maison du Cinéma
Trois-Rivières : Cinéma Tapis Rouge
Saint-Adèle : Cinéma Pine
Pointe-aux-Trembles : Station Vu
Saint-Jérôme : Cinéma Carrefour du Nord
Saint-Eustache : Cinéma St-Eustache

Pour le prix des billets : https://cinemaduparc.com/fr/tarifs

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