S’il y avait un concert à ne pas manquer cette semaine, c’était celui que nous a offert la Maison symphonique mercredi. Fort de son choix éclectique, le programme de l’OSM réunissait du multinational et le pari fut réussi.
Tout d’abord, nous avions droit à l’ouverture du Corsaire, d’Hector Berlioz, moins connue que certaines autres œuvres du compositeur. Vasily Petrenko, jeune chef russe invité, a engagé dès le début du concert une communication complice avec les musiciens, comme s’il était chez lui, les sommant ainsi de donner le meilleur d’eux-mêmes. Présentée de manière claire et martiale, mais chantante, voire dansante à certains endroits, l’ouverture du Corsaire prenait une tournure très française que l’on ne pouvait qu’apprécier.
La deuxième pièce de la soirée nous plongeait dans l’univers du romantisme virtuose du hongrois Franz Liszt. Le soliste invité, Jean-Yves Thibaudet, pianiste français, nous a livré une interprétation très personnelle du deuxième concerto pour piano. Démontrant un toucher très mélodieux dans les passages plus doux et une technique impressionnante, les tempi parfois excessivement rapides (l’orchestre, plein de fougue, filait un peu derrière le piano) étaient choisis au détriment de la qualité sonore et du romantisme que l’on aurait souhaité un peu plus souligné. Nous saluerons par contre l’engagement du pianiste auprès des musiciens et la complicité avec le chef d’orchestre. L’intermezzo de Brahms, interprété en rappel, fut tout de même un petit moment de grâce, suspendu dans la salle où pas un bruit ne se fit entendre.
La deuxième partie du concert nous offrait la grande 1re Symphoniede Mahler, d’une durée de quasiment une heure. Et c’est dans cette œuvre que tout le génie de Petrenko se fit le plus ressentir. N’hésitant pas à prendre des risques, le chef tira l’orchestre toujours plus haut. On alterna des passages de grande majesté et puissance avec d’autres plus sombres comme le début du mouvement lent, interprété un peu plus rapidement que la moyenne. N’hésitant pas à accentuer les thèmes populaires et slaves et à donner une grande liberté aux musiciens, le jeune chef prit un parti risqué, mais parfaitement réussi. Le public, captivé et entièrement conquis, lui rendit bien son engagement total, malgré la salle debout à peine les derniers accords retentis.