Été 2024: petit guide du festivalier

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Pour l’amateur de jazz, la saison des festivals est souvent une occasion unique de voir en chair et en os des musiciens et des ensembles qu’il entend autrement uniquement sur disque. Toutefois, la prolifération des programmes peut aussi être un casse-tête. Comme chaque année, La Scena souhaite offrir à ses lecteurs quelques choix parmi les apparitions sur les scènes canadiennes.

Pour les plus gros événements de l’été, on comprend que les organisateurs misent sur des noms qui, s’ils font courir les foules, ne seront peut-être pas ceux qui titilleront le jazzomètre du mélomane plus exigeant; la présence d’André 3000, de George Clinton, de Hiatus Kaiyote ou de Killer Mike assurera certainement des salles pleines, mais c’est en regardant peut-être un peu plus bas sur les affiches que le festivalier trouvera des choses plus substantielles (d’un point de vue jazzistique bien sûr) à se mettre sous la dent.

Preservation Hall Jazz Band

L’ESPRIT DE LA FÊTE

Pas qu’il faille être totalement imperméable à l’atmosphère festive de ces rassemblements estivaux. Après tout, le jazz est certainement né de la fête, comme le démontrera sans aucun doute le Preservation Hall Jazz Band, institution incontournable de La Nouvelle-Orléans, présent cet été en juin à Winnipeg (20), Toronto (22), Ottawa (23) et Montréal (28). La Cité du Croissant sera également représentée cet été au nord du 49e parallèle par le populaire Troy « Trombone Shorty » Andrews et son groupe Orleans Avenue à Ottawa (21 juin) et par Chief Adjuah (alias Christian Scott) cinq jours plus tard, ce dernier également à Montréal (1er juillet). La diaspora haïtienne sera également à l’honneur cette saison : le FIJM a programmé à cette même date une soirée baptisée La révolution haïtienne à travers la tradition du jazz (avec Melanie Charles, Theo Abellard, Jonathan Michel et le groupe Rara Soley). On entendra également le batteur Ches Smith avec son projet We All Break, collaboration avec des artistes d’origine haïtienne autour de l’influence des rythmes du vaudou (Ottawa, 28 juin; Vancouver, 29). Enfin, le saxophoniste et multi-instrumentiste Jowee Omicil retrouvera sa ville natale pour y présenter son projet Spiritual Healing, une évocation de la révolte des esclaves du Bois-Caïman (Montréal, 3 juillet).

UN ÉTÉ D’EXCLUSIVITÉS

Le chroniqueur averti a l’habitude de voir des noms se répéter dans les grilles des divers festivals canadiens, mais l’année 2024 semble vouloir être marquée par plusieurs événements uniques. On note par exemple en soirée d’ouverture du festival d’Ottawa (21 juin) la présence du compositeur Darcy James Argue et son magistral big band Secret Society, puis du vétéran de la scène new-yorkaise Tim Berne avec le projet Oceans And, sans oublier le trompettiste iconoclaste Steven Bernstein et son Millennial Territory Orchestra quelques jours plus tard (26 juin). Pour sa part, le FIJM présente cette année en exclusivité canadienne un concert tout Ellington par Jason Moran (1er juillet), ainsi que le plus récent projet du saxophoniste Kenny Garrett, Sounds from the Ancestors (4 juillet).

Bellbird. Ph.: E. Shay

CONTENU CANADIEN

Moins rares sur nos scènes, plusieurs groupes canadiens sont aussi dignes de mention, à commencer par le quartette Bellbird, lauréat du prix François-Marcaurelle lors du dernier OFF Festival de Jazz de Montréal. Le groupe doit se préparer à un véritable parcours du guerrier pour présenter la musique de son album Root in Tandem, puisqu’on l’annonce à Ottawa (21 juin), Victoria (25), Vancouver (26), Edmonton (27), Toronto (29), et Montréal (3 juillet). La chanteuse torontoise Sarah Jerrom, qui a fait paraître en avril dernier l’ambitieux album double Magpie, présentera cette suite deux fois cet été, d’abord à Toronto (26 juin), puis à Markham (20 août). Avec son trio Time Poem, la pianiste Marianne Trudel foulera pour sa part les planches à Québec (pour le festival Jazz en Juin, 26), à Ottawa (28) et à Montréal (30). Enfin, après près de 9 ans comme professeur à l’Université McGill, le batteur et compositeur John Hollenbeck aura enfin droit à une présence au FIJM avec son quartette George (29 juin), six jours après son passage à Vancouver.

LES NOMS À SUIVRE…

Parmi les figures montantes du jazz contemporain, mentionnons l’une des coqueluches de la presse jazz, la saxophoniste Lakecia Benjamin, nominée aux Grammy pour son album Phoenix, paru en 2023 : Victoria (26 juin), Vancouver (27), Edmonton (28), Calgary (29), Ottawa (30) et Montréal (1er juillet). Dans un tout autre registre, la saxophoniste de Lille Sakina Abdou présentera son travail en solo à Hamilton (Something Else Festival, 22 juin), Toronto (23), Ottawa (25) et Vancouver (du 27 au 30). Jeune quadragénaire, le saxophoniste très en vue James Brandon Lewis sera entendu avec le trio éclectique/électrique The Messthetics (avec deux anciens de chez… Fugazi !), présentant la musique de leur collaboration récente pour les disques Impulse à Vancouver (23 juin), puis au Winnipeg Folk Festival (13 juillet) et enfin au Hillside Festival de Guelph six jours plus tard. De Norvège, le trio du pianiste Kjetil Mulelid aura droit au tapis rouge cette saison en se produisant (consécutivement) dans pas moins de cinq festivals : Victoria (25 juin), Vancouver (26), Edmonton (27), Medicine Hat (28) et Ottawa (29).

George Coleman

…ET QUELQUES VALEURS SÛRES

Pour l’amateur qui aime son jazz sous des formes plus classiques, on recommandera sans trop se tromper le vétéran du jazz mainstream Scott Hamilton, qui sera accompagné par le trio vancouvérois Triology d’abord dans sa ville (27 juin) et à Victoria le surlendemain. Pour une autre belle soirée de jazz en club dans la meilleure tradition du Village Vanguard ou du Blue Note, on recommande sans réserve l’un des rares témoins actifs des années 1950-60, le toujours vert saxophoniste George Coleman (89 ans !) au Upstairs à Montréal (5 et 6 juillet). À l’autre extrémité du spectre jazzistique, soit du côté de l’avant-garde, on retrouve le toujours très sonore baryton suédois Mats Gustafsson avec son projet The End, à la fois en format duo (Nanaimo, 16 juin; Victoria, 19; Hamilton, 20) et avec le quintette complet (Hamilton, 21; Montréal – pour Suoni per il Popolo, 22; Ottawa, 25).

Lisez nos critiques de disques des artistes en tournée ici.

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