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Le musicologue Jean-Jacques Nattiez a récemment reçu le prix Opus du Livre de l’année pour son ouvrage Wagner, Antisémite publié il y a trois ans. En février, il a sorti un nouveau livre sur Wagner.
L’arrivée de Jean-Jacques Nattiez dans l’équipe de La Scena Musicale représente l’occasion, à travers ces pages, de revenir sur le parcours et les plus importants travaux de celui qu’on considère comme le pionnier de la sémiologie musicale, autrement dit de l’étude des signes et des symboles dans la musique. Pour commencer, il a publié les Fondements d’une sémiologie de la musique (en 1975) et a ainsi posé les bases de sa discipline, en créant une nouvelle branche d’étude pour la musicologie. Pour cette raison et pour tout ce qu’il a accompli, Jean-Jacques Nattiez est considéré par le milieu académique comme l’un des plus grands musicologues de son temps.
Né en 1945 à Amiens, une ville du nord de la France, Jean-Jacques Nattiez est le fils d’un professeur de littérature française, musicien et critique musical qui vouait une véritable passion à Wagner. Passion dont il a hérité et qui a par la suite donné naissance à un certain nombre d’ouvrages consacrés aux différentes facettes du compositeur allemand. Adolescent, il participe au Festival de Bayreuth en 1962 comme machiniste et ce contact direct avec l’œuvre de Wagner ne fait que confirmer sa fascination pour ce dernier.
Lors de son parcours universitaire, Jean-Jacques Nattiez a principalement étudié la linguistique et les lettres modernes, pour ensuite soutenir une thèse sur la sémiologie musicale à Paris. Engagé comme professeur de musicologie par l’Université de Montréal en 1972, il a été naturalisé Canadien au milieu des années 1970. Aujourd’hui retraité, il met son temps libre et son énergie au service de la musique et de la musicologie au sens large – comme lorsqu’il anime des conférences à l’Université de Montréal ou collabore avec La Scena Musicale. Il continue de publier de manière quasi proactive. La preuve, son dernier livre, Les récits cachés de Richard Wagner – Art poétique, rêve et sexualité, vient tout juste de paraître (février 2018).
Les distinctions, les titres et les prix ont parsemé la carrière de ce professeur émérite. Ils sont si nombreux qu’ils pourraient faire à eux seuls l’objet d’un article. Nous ne nommerons ici que les plus importants. Nommé à titre d’officier de l’Ordre du Canada en 2011 et promu au rang d’officier de l’Ordre national du Québec en 2016, Jean-Jacques Nattiez s’est vu remettre la Médaille de l’Académie des lettres du Québec et la Médaille d’or du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, toutes deux en 2009. Il a aussi reçu le prix Molson du Conseil des arts du Canada en 1990, le prix Léon-Gérin du gouvernement du Québec en 1994 et le prix Killam du Conseil des arts du Canada en 2004. La France l’a fait chevalier de l’Ordre des arts et des lettres de la République française en 2014 et chevalier de l’Ordre des Palmes académique en 2018.
Au cours de sa carrière, cet écrivain prolifique, en plus d’avoir été le rédacteur en chef de la revue Circuit qui se consacre à la musique contemporaine et d’avoir publié près de 300 articles, a aussi été associé aux écoles les plus prestigieuses de ce monde : professeur invité au Collège de France et à l’École normale supérieure de Paris, chercheur en résidence à l’Université d’Oxford et conférencier invité à la Scuola superiore di studi umanistici en Italie. C’est à l’invitation d’Umberto Eco qu’il y a présenté ses recherches sur l’antisémitisme de Wagner. Elles ont par ailleurs donné lieu à Wagner antisémite, sorti en 2015.
Parmi ses ouvrages incontournables, on retrouve, entre autres, Musiques – Une encyclopédie pour le XXIe siècle, ouvrage de référence en cinq tomes, devenu une bible pour tous les étudiants en musique et particulièrement les aspirants musicologues. Concernant Wagner, ont déjà été publiés Tétralogies (Wagner, Boulez, Chéreau) en 1983, Wagner androgyne en 1990 et Les esquisses de Richard Wagner en 2004 pour « Siegfrieds Tod ». Les récits cachés de Richard Wagner – Art poétique, rêve et sexualité, son tout dernier livre, est le moins musicologique de ces écrits, donc le plus accessible à un lectorat non initié. Jean-Jacques Nattiez y approfondit une exploration déjà germée dans d’autres ouvrages et analyse le discours de l’œuvre de Wagner.
Il a aussi publié une autobiographie intellectuelle, La musique, la recherche et la vie, et un roman, Opera. En plus d’être musicologue, Jean-Jacques Nattiez est aussi ethnomusicologue. Il a étudié et recueilli la musique des Inuits du Canada, des Aïnous du Japon et des Bagandas d’Ouganda. Il est d’ailleurs en train de terminer la rédaction d’un livre de synthèse sur la musique des Inuits, ainsi que celle d’un ouvrage plus large intitulé Traité de musicologie générale.
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