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Fondé en 1894, le Toronto Mendelssohn Choir (TMC) est le chœur le plus ancien du Canada. Il a donné son premier concert à la saison inaugurale du Massey Hall en janvier 1895. John McCrae, qui écrira plus tard le célèbre poème de guerre In Flanders Fields (Au champ d’honneur en français), était dans la salle. Au cours de sa longue histoire, le TMC a été servi par huit directeurs artistiques. Depuis 2018, David Fallis est chef intérimaire et le chœur entreprend une recherche internationale pour un directeur artistique qui prendra les rênes en 2020-21.
Le chœur est formé d’un noyau professionnel d’environ vingt chanteurs et offre sa propre série de concerts présentant un répertoire étendu, comprenant des commandes de compositeurs canadiens. Il se produit fréquemment avec le Toronto Symphony Orchestra. Les représentations annuelles unissant le TSO et le TMC du Messie de Haendel sont depuis longtemps une tradition des fêtes.
Le TMC s’est produit aux concerts d’ouverture du Roy Thomson Hall (1982) et du Koerner Hall (2009), deux salles prestigieuses de Toronto. Parmi d’autres moments dignes de mention de son histoire, citons des concerts aux Jeux olympiques d’été de Montréal en 1976 et aux Jeux olympiques d’hiver de Vancouver en 2010. Le chœur a effectué de nombreuses tournées au Canada, aux États-Unis et en Europe. En 1995, il a reçu le prix des arts du lieutenant-gouverneur. Ses disques, dont plusieurs ont été enregistrés avec le TSO, ont reçu des nominations aux prix Grammy et Juno.
Le chœur peut compter sur un solide groupe de membres dévoués. De nombreux chanteurs y restent pendant des décennies, la durée record étant de cinquante ans. Cette saison, le chœur compte 114 membres âgés de 18 à 75 ans. Quarante pour cent des membres ont moins de 35 ans et un pourcentage comparable chante dans le chœur depuis 10 ans ou plus.
Maintenant à sa 45e année dans le TMC, Daniel Parkinson est le plus ancien choriste. Il se rappelle une époque où le chœur comprenait jusqu’à 160 chanteurs et confie qu’il a énormément appris d’Elmer Iseler et Noel Edison, les deux directeurs artistiques avec lesquels il a travaillé. Il ne se lasse pas du Messie parce que « chaque chef apporte un style différent » à ce chef-d’œuvre. Parkinson coordonne maintenant les Singsation Saturdays, un programme communautaire qui offre aux participants une occasion de chanter dans un grand chœur sous la direction de nombreux chefs et de prendre part à un large éventail de musique. Les participants sont aussi diversifiés que les chefs et les genres musicaux. En plus des chefs-d’œuvre choraux classiques, les Singsation Saturdays ont présenté des opéras, des œuvres de Gilbert et Sullivan, du gospel, du jazz, du barbershop, de la musique sud-américaine, indienne et juive de même que des compositions d’artistes canadiens.
Le TMC jouit d’un programme de chef associé qui offre à des chefs de talent en début de carrière des services d’accompagnement, de formation et de mentorat alors qu’ils apportent au TMC leur soutien à la direction. Depuis la création du programme en 2011, quatre chefs associés se sont succédé, chacun occupant le poste durant deux ans. Le programme pour apprentis du TMC est une autre initiative offerte aux choristes expérimentés âgés de 17 à 22 ans. En plus de recevoir un subside complet couvrant les frais d’adhésion au chœur, les apprentis sont mentorés par un choriste d’expérience du TMC et reçoivent quatre séances d’accompagnement par année par un coach qualifié.
Certains membres du TMC ont aussi mené des carrières personnelles florissantes. La mezzo-soprano Catherine Robbin en est un exemple. Robbin a chanté avec le TMC et les Festival Singers, son noyau professionnel d’alors, au début des années 1970 puis elle a fait des tournées dans l’Ouest canadien et en Europe. Son souvenir le plus vif sur scène comme choriste du TMC est de s’être tenue derrière et au-dessus de Maureen Forrester dans la Deuxième Symphonie de Mahler. « Je n’oublierai jamais d’avoir vu son dos se gonfler à chaque souffle, dit-elle. En fait, les choristes autant que les solistes m’ont impressionnée et m’ont initiée à la vie d’une pratique musicale engagée. Le chant en chorale avec un groupe aussi renommé a été un formidable tremplin pour ma propre vie de chanteuse. » Robbin a connu une illustre carrière de trente ans de récitals et de concerts. Après sa retraite en 2003, elle est devenue directrice des études en voix classique à l’Université York, un poste qu’elle a occupé jusqu’en 2018.
La mezzo-soprano Jean Stilwell, une Carmen notable, a d’abord étudié en travail social. Voyant qu’elle avait une bonne voix, sa mère l’a encouragée à suivre des cours et à auditionner au TMC. Stilwell a ainsi chanté avec le TMC et les Festival Singers dans les années 1970, assise aux côtés de sa mère, Margaret Stilwell, elle-même une contralto reconnue qui a chanté au Carnegie Hall avec le TSO. Elle garde un précieux souvenir du Gloria de Poulenc au programme de son premier concert avec le TMC. Elle se souvient aussi d’avoir chanté de la musique de Penderecki qui comprenait des quarts de ton « diaboliquement difficiles ». Le TMC a ouvert bien des portes à Stilwell, qui a connu une longue carrière à l’opéra, dans des oratorios et même en musique de cabaret avec des orchestres et compagnies d’opéra d’Amérique du Nord et en Europe. Elle se produit encore à l’occasion, mais elle est maintenant mieux connue comme coanimatrice de l’émission Classical Mornings à la station New Classical FM de Toronto.
Les auditeurs de cette station connaîtront également la voix veloutée d’Alexa Petrenko, animatrice de Breakfast Classics et de Sunday Night at the Opera. Petrenko a chanté avec le TMC et les professionnels des Elmer Iseler Singers dans les années 1980 et 1990. Elle n’est pas près d’oublier le concert d’ouverture du Roy Thomson Hall, où les chandelles du gâteau de célébration ont déclenché les alarmes incendie. Elle se souvient d’Iseler comme de l’un « de ses musiciens complexes, doués, brillants et préférés de la planète. » Petrenko ajoute en riant qu’elle utilise encore sa voix d’opéra pour appeler son chien.
Le TMC célèbre son monumental anniversaire avec un concert gala du 125e le 20 octobre au Koerner Hall. Singing through Centuries présente trois œuvres de trois siècles différents : le Requiem de Fauré, la Symphonie de Psaumes de Stravinski et Mamihcimowin d’Andrew Balfour, une commande du TMC. www.tmchoir.org
Souvenirs d’une ancienne du TMC
par Denise Lai
En 1995, je sortais tout juste de l’université et je venais d’arriver à Toronto. Le Toronto Mendelssohn Choir était le seul chœur que je connaissais dans la ville et j’ai décidé de passer une audition. J’ai chanté Oh Thou That Tellest Good Tidings to Zion du Messie de Haendel pour Elmer Iseler. Quand il apprit que j’avais grandi à Hong Kong, ses yeux se sont illuminés et tout ce dont il voulait parler, c’était son atterrissage spectaculaire à l’aéroport d’alors de la ville, où les avions rasaient les toits des immeubles résidentiels. Il a ensuite ajouté : « À demain. » Je lui ai demandé, perplexe : « Je suis acceptée ? » Il a dit oui et j’ai appris plus tard que j’étais l’une de seulement deux altos admises cette année-là.
Je me rappelle que le lendemain, mes premières impressions ont été qu’il y avait beaucoup de personnes âgées dans le chœur, certaines même plus vieilles qu’Elmer ! J’étais tellement jeune, innocente, mais s’il m’a fallu un certain temps pour trouver ma place au sein du groupe, je me suis tout de suite sentie chez moi sur le plan artistique. C’était fabuleux d’être entourée de chanteurs incroyablement doués et d’apprendre un répertoire exigeant de siècles différents. J’ai été énormément chanceuse d’avoir comme mentore Marg Fisher, la cheffe adjointe de ma section, qui m’a prise sous son aile et m’a permis de prendre part à de nombreux événements – et qui est encore une bonne amie. Je suis éternellement reconnaissante à Ernest Clark, aujourd’hui disparu, qui chaque semaine me reconduisait à la maison après les répétitions. J’ai eu l’honneur de chanter aux funérailles d’Ernest et je suis aujourd’hui ravie d’apprendre que le chœur a maintenant un prix qui porte son nom en hommage à ses cinquante ans avec le TMC.
Le chœur m’a fait connaître tellement de grandes œuvres chorales. En plus de chanter dans les langues de base – le latin, l’allemand, le français et l’italien –, j’ai dû apprendre le russe, le polonais et le tchèque. À mon premier concert avec le TMC, nous avons chanté les Chichester Psalms de Berstein, avec lesquelles je suis tombée en amour. Mes concerts préférés ont été ceux avec le TSO, les plus mémorables étant Carmina Burana avec près de trois cents musiciens sur scène, la Deuxième Symphonie de Mahler avec Maureen Forrester, Ivan le Terrible de Prokoviev avec le grand Christopher Plummer comme narrateur. J’ai abordé M. Plummer à la répétition générale et je lui ai demandé d’autographier mon CD et mon DVD de The Sound of Music, ce qu’il a fait avec joie.
Je n’avais chanté que durant cinq ans avec le TMC quand d’autres priorités ont dû prendre le dessus, mais ces cinq années ont laissé une marque indélébile et ont changé ma vie d’innombrables façons. La flamme qui attise l’amour du chant ne s’éteint jamais. Une ou deux fois par année, elle est entretenue par ma participation à un Singsation Saturday, où je chante en arborant fièrement mon épinglette d’ancienne du TMC !
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