Avant les rues : Histoire de résilience

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Photo Glauco-Bermudez-ALR

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Plusieurs choses font d’Avant les rues un film sortant de l’ordinaire. C’est le premier long métrage de fiction en langue atikamekw. Ses principaux acteurs – tous fabuleux – sont des non professionnels. Son auteure, Chloé Leriche, est une autodidacte. La première mondiale du film a eu lieu en février à la 66e Berlinale et lui a valu une critique positive dans le prestigieux magazine américain Variety.

Shawnouk, un jeune Atikamekw désœuvré, se retrouve mêlé à un vol qui tourne mal. En panique, il fuit dans la forêt pendant quelques jours avant de revenir dans sa communauté où il tentera de retrouver la paix intérieure en pratiquant des rites traditionnels. L’histoire se déroule à Manawan, dans Lanaudière.

Le tournage du film s’est fait en collaboration avec trois communautés atikamekw. Rikko Bellemarre, l’acteur principal, est lui-même un Atikamekw vivant à Wemotaci, près de La Tuque. Sa sœur, Kwena Bellemarre Boivin, joue aussi le rôle de sa sœur dans le film. Tous deux chantent au sein de la formation musicale Northern Voice et pratiquent la danse traditionnelle. Ils se sont produits plusieurs fois dans des pow-wow et des festivals. Ils en étaient à leur premier rôle au cinéma.

Inspirée par ses acteurs musiciens, la cinéaste a donné un rôle important à la musique dans le film. On y entend des chants traditionnels, des chansons de l’artiste hip-hop innu Shauit, des groupes The Posterz et A Tribe Called Red ainsi qu’une trame musicale du compositeur Robert Marcel Lepage. Ce dernier a d’ailleurs subtilement intégré certaines particularités des chants traditionnels dans son travail.

Autodidacte, Chloe Leriche est cinéaste depuis 2001. Elle a réalisé de nombreux courts métrages. Elle a aussi travaillé comme formatrice avec Vidéo Paradiso, un projet s’adressant aux jeunes itinérants de Montréal avec qui elle a réalisé un grand nombre de vidéos.

Par la suite, elle s’est jointe au Wapikoni mobile pendant quelques années. Le Wapikoni mobile est une roulotte munie d’équipement de cinéma qui visite les communautés autochtones du Québec pour des séjours d’un mois. À bord, deux formateurs et un intervenant social incitent et aident les jeunes des Premières Nations à réaliser leurs propres courts métrages. À travers ce projet, elle a acquis une véritable passion pour les Premières Nations, mais cet intérêt était présent en elle depuis plus longtemps.

« Quand j’étais jeune adolescente, je m’intéressais beaucoup aux religions, dit Chloé Leriche. Je n’étais pas baptisée et j’ai développé une curiosité pour le sujet. J’ai rencontré des pentecôtistes, des témoins de Jéhovah, des bouddhistes, et je me suis intéressée à la spiritualité autochtone. »

Ce n’est que tout récemment qu’elle a appris qu’il y avait du sang autochtone dans sa famille. « En faisant mon film, j’ai su que trois de mes arrière-grands-parents du côté paternel étaient membres des Premières Nations ou métis », dit-elle.

Pour Chloé Leriche, le titre Avant les rues représente le lieu où se situe l’intrigue.

« J’avais envie d’avoir un titre assez vague et ouvert, laissant place à l’interprétation. Quand tu es dans une communauté autochtone, tu es souvent loin des villes et des routes. La plupart sont isolées et il faut parcourir un long chemin de terre pour se rendre. Le titre amène une dimension “avant la modernité”, parce que l’histoire amène un retour aux sources et aux traditions. »

Parmi les éléments qui la fascinent chez les nations autochtones, il y a la résilience. « C’est ce que j’ai voulu mettre en scène dans mon film, dit-elle. Je trouvais cela important de montrer que le peuple atikamekw a été blessé, mais qu’il a ses propres méthodes de guérison. Je trouve qu’ils sont très forts, car ils subissent énormément de racisme, encore aujourd’hui, et vivent dans des conditions difficiles. Ils n’ont pas pour autant perdu leur bonne humeur, ils sont toujours en train de blaguer. Je les trouve très résilients et ils ont réussi à conserver leur langue, encore très vivante et parlée par 100 % des résidents de ces communautés. Ils se battent aussi pour préserver leur territoire. Malgré la modernité, les jeunes continuent d’aller en forêt et pour eux, les coupes à blanc sont dévastatrices. »

Le film se déroule presque entièrement en langue atikamekw. Il est présenté avec des sous-titres.

« Pour moi c’est une grande qualité du film, dit Chloé Leriche. C’était important de faire entendre la langue, cela fait partie de l’expérience et nous permet de mieux comprendre les Premières Nations. C’est un choc quand on entend la langue. On ne peut pas faire autrement que constater que leur culture est très différente de la nôtre. »


 Avant les rues sera présenté en salles à compter du 15 avril. On pourra notamment le voir aux cinémas du Parc, Beaubien, Méga-Plex Pont-Viau (Laval), Méga-Plex Jacques-Cartier (Longueuil), La Maison du cinéma (Sherbrooke) et Le Clap (Québec).www.facebook.com/avantlesrues

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