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Type de voix : soprano
De : Algérie
Professeures : Gail Desmarais, Anne Popescu, Rose-Marie Landry, Lyne Fortin
Éducation : Université de Montréal et Université McGill
Samira est appréciée pour son talent d’actrice, son énergie contagieuse et son aptitude à la danse. Habitée par les rythmes et les mélodies de ses origines et bercée par la musique occidentale, Samira considère la musique du monde entier comme un buffet dans lequel tous peuvent se servir à volonté.
Elle fut soliste à deux reprises pour l’Institut canadien d’art vocal, ayant notamment interprété le rôle principal de Catherine (Le Mariage aux lanternes) en 2016 et celui de Giannetta (L’elisir d’amore). Elle a également interprété le rôle de Barbarina (Le nozze di Figaro) en 2016 pour l’Atelier d’opéra de l’UdeM, après avoir été soliste pour la 5e édition d’Oper’Actuel − Works in Progress, organisée par Chants Libres en février 2015.
Quelques années plus tôt, on pouvait l’entendre sur la trame sonore du long métrage Ésimésac. La musique originale fut d’ailleurs en nomination pour les prix Jutra.
On pourra la voir pour la deuxième fois depuis 2017 avec de l’Opéra-bouffe du Québec en octobre prochain. Elle y interprétera le personnage de la dynamique Pépa (La belle de Cadix de Francis Lopez), un rôle physique… comme Samira les aime.
Top 10 des opéras et pourquoi ?
5- Le nozze di Figaro : c’est une histoire intemporelle et j’aime que le personnage de Zerlina soit un peu scandaleux.
4- L’enfant et les sortilèges : le scénario et la musique (Ravel) nous amènent dans un univers onirique à la fois naïf et sombre.
3- Gianni Schicchi : un classique italien léger et savoureux comme un tiramisu !
2- Orphée aux Enfers : j’aime les satires sociales et l’opéra décomplexé.
1- Roméo et Juliette : j’ai vu cette œuvre au théâtre, à l’opéra, au cinéma et aux grands ballets, mais c’est la version opératique qui m’emporte le plus. L’orchestration est brillante !
Êtes-vous issue d’un milieu musical ?
Non, pas du tout. Pour rassurer mes parents, j’ai même dû faire des études en radiologie avant de recommencer un cursus scolaire complet en musique – ce qui n’est pas plus mal aujourd’hui, car j’ai un revenu assuré et une expertise en mammographie. Je crois que c’est la danse classique qui m’a fait vaciller vers le monde du chant lyrique. Je chantais déjà naturellement depuis mon très jeune âge, mais j’ai choisi d’étudier en opéra à cause de tout le défi que cela représente. Pour moi, un spectacle d’opéra est la manifestation de l’art total, car il contient du chant, des musiciens, du théâtre et parfois de la danse.
Je voulais devenir une musicienne sérieuse, apprendre à lire la musique et développer une puissance vocale et un souffle respectable. Je viens aussi d’Afrique du Nord et l’opéra ne figure pas dans nos traditions. Apprendre une œuvre opératique est pour moi une expérience exotique et une découverte à chaque fois.
Qu’est-ce qui vous a poussée à poursuivre des études d’opéra ?
Je n’ai pas pu pousser ma formation en danse classique une fois mes études supérieures entamées. J’ai pris mon mal en patience et je me suis lancée vers mon rêve. J’avais planifié, depuis le début de mes études en radiologie, que j’allais avoir deux carrières durant ma vie. L’une pour aider les gens, l’autre pour vivre mon art. J’ai donc pris ma revanche.
Quels sont vos objectifs de carrière et comment comptez-vous les atteindre ?
Au début de mes études, je me voyais jouer pour des petites troupes d’opérette et j’ai eu l’occasion, très tôt durant mon parcours scolaire, de le faire. Maintenant que ma voix s’est développée et que ma méthodologie musicale s’est perfectionnée, j’aimerais tenter ma chance de me faire connaître en Europe. Ma tessiture de voix a changé et je travaille des rôles plus ambitieux, tels que Manon et Juliette.
Que pensez-vous des concours de musique ?
Je tire mon chapeau à tous les chanteurs capables de passer à travers un concours de musique. La pression y est très forte, il y a des auditeurs assis avec les partitions en main, qui n’attendent que le moment où le chanteur ou la chanteuse fera une erreur. L’expérience de participer à un concours s’apparente à faire un récital, mais la concurrence y est rude. Je crois que les concours permettent d’entretenir les niveaux de la haute sphère de la musique (en s’assurant de garder les standards) et de dénicher des chanteurs hors du commun, mais pour certains artistes, les concours sabotent leurs chances de visibilité et abîment leur sensibilité artistique.
Où avez-vous étudié/avec qui ?
Baccalauréat à l’UdeM avec Gail Desmarais : elle a fait fleurir mon instinct musical et m’a donné confiance en moi.
Maîtrise à McGill avec Anne Popescu : elle m’a enseigné avec patience l’art du récitatif italien.
Maîtrise à l’UdeM avec Rose-Marie Landry : elle m’a appris la rigueur musicale et l’art exigeant de la mélodie française.
Et maintenant avec Lyne Fortin : elle entraîne mon corps à chanter avec ma voix mature.
Merci à toutes ces femmes fortes et passionnées.
Comment avez-vous gardé votre voix en forme pendant la pandémie ?
Avant même que la pandémie commence, j’étais confinée, car j’étais atteinte d’une double pneumonie. Mon hospitalisation aurait été causée par l’influenza que j’aurais attrapée d’un patient. Aujourd’hui, les docteurs pensent que j’aurais attrapé la Covid au travail, mais ça ne m’a pas empêchée de me dégotter un rôle avec l’Opéra-bouffe du Québec. J’ai pris quand même beaucoup de temps à récupérer toute mon endurance respiratoire. Autant pour me garder une hygiène de vie que pour combattre la déprime, je me suis monté un programme d’entraînement sportif et musical. Je voulais mettre à profit tout le temps que j’avais en trop et le calme qui régnait partout, pour préparer mon retour une fois que la pandémie serait finie. Mon proverbe préféré est le suivant (il vient d’Iran) : « Lorsqu’un ouragan survient, certains se cachent et d’autres construisent des moulins à vent. »
Quel genre de répertoire étudiez-vous actuellement ?
Juliette, Manon et Zerlina.
Qu’est-ce que vous attendez avec impatience pendant votre séjour à l’ICAV ?
Je vais aimer le fait de participer à des concerts. Cette année, je chanterai pour célébrer l’immense privilège que j’ai de chanter dans un grand auditorium et d’exercer mon art tout simplement. Je ne chanterai pas pour faire bonne figure cette année. Je chanterai parce que je suis heureuse d’être en bonne santé et d’avoir un talent.
Préférez-vous : avoir la voix la plus forte qui soit ou pouvoir apporter toutes sortes de nuances et de couleurs ?
Le but principal du chant est l’expression selon moi et, pour cela, il me semble plaisant d’apprécier les nuances et les couleurs d’une voix. Il est d’ailleurs techniquement plus difficile de maîtriser les pianissimos que les fortissimos… Ce n’est pas pour rien.
Qu’est-ce qui fait un grand chanteur ?
Pour moi un grand chanteur est un grand acteur aussi !
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