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Le samedi 1er septembre était l’une des journées les plus occupées du festival avec 6 concerts en salle, une classe de maître avec l’accordéoniste russe Roman Jbanov, un événement de danse Trad Québécois et des concerts gratuits sur différentes scènes et restaurants. Je voulais aussi aller visiter le musée de l’accordéon au Manoir et four a pain Couillard et l’exposition photographique de Julien Simard, rétrospective des 30 ans du festival
Première étape, le rencontre avec l’accordéoniste prodige Andrea Di Giacomo. Le jeune homme de 22 ans a impressionné le public lors du concert d’ouverture avec sa performance énergique de haut calibre. Nous nous rencontrons au Café Breton, rue St-Jean-Baptiste, sur promesse d’un bon espresso. Sur le chemin, une dame le reconnait et commence à crier comme si elle avait vu le Messie : « c’est lui, c’est lui ! C’est le gars qui jouait de l’accordéon hier ! » Andrea hausse timidement les épaules et répond en hochant la tête nonchalamment. Elle insiste : « Bravo, bravo ! » Andrea veut disparaître, il n’est pas la personnalité exubérante que l’on s’attend à rencontrer après l’avoir vu jouer. Sur scène, il a l’air imposant et confiant, en personne ses gestes sont subtils, sa voix aiguë et à peine audible, et c’est aussi un homme de peu de mots, répondant à toutes mes questions avec de courtes phrases.
Après l’entrevue, l’étape suivante consiste à me promener et à m’imprégner de l’ambiance. La rue est bondée de stands de nourriture, il y a des concerts sur chaque terrasse et sur les scènes extérieures, créant une sorte de cacophonie folklorique.
Après une pinte de bière accompagnée de musique live, il est temps d’entrer en contact avec la nature. A 15 minutes à pied se trouvent la Rivière-du-Sud et le fleuve Saint-Laurent. Si c’est un peu morne du point de vue culturel, il n’y a rien de plus relaxant que de respirer l’air frais du Saint-Laurent et d’apprécier la vue, avec en trame de fond le chant des canards.
J’avais prévu de visiter le musée de l’accordéon, mais j’ai découvert trop tard qu’il fermait à 17 heures. J’aurais trouvé logique qu’il reste ouvert plus tard pendant le festival. Je décide alors de me rendre à l’école secondaire Louis-Jacques-Casault où un concert international et une soirée de danse traditionnelle québécoise sont prévus. Décision difficile, puisque la série de concerts Accordéon Passion se déroulait en même temps au Centre des migrations.
Le duo de finalistes Markku Lepistö (Accordéon diatonique) et Petri Hakala (mandoline) ouvre le concert. Ces deux seniors travaillent ensemble depuis une vingtaine d’années, il en résulte une sorte de télépathie musicale dont seuls les grands musiciens sont capables. La présence de métriques complexes telles 5/8 et 7/16, caractéristiques de la musique des Balkans, fait partie de leur signature. La mélancolie de la première des trois polkas va droit au cœur. L’auditeur est charmé par la qualité du son. Le mix des deux instruments est parfait, la mandoline remplissant l’espace d’une manière douce et ample comme si c’était la bande originale d’un rêve. La pièce intitulée Diatonic Concerto est également un moment fort. Cette pièce palpitante a été écrite il y a 20 ans par l’accordéoniste et témoigne de ses influences jazz et bluegrass.
L’Italien Andrea Di Giacomo poursuit la soirée, lui qui avait déjà illuminé cette même scène la veille. Une fois de plus, il captive le public par ses prouesses techniques. J’ai cependant trouvé dommage qu’il répète à la note près la première partie du spectacle de la veille. En deuxième partie, il interprète ce qu’il décrit comme des tangos « contaminés par le jazz ». Si les pièces présentent un niveau de difficulté élevé, elles manquent toutefois d’originalité, ou peut-être d’un deuxième instrument. Le spectacle se avec le duo canadien de Timi Turmel (accordéon) et Erin Leahy (piano). Leur répertoire mêle les traditions canadienne et irlandaise, avec des pièces telles que « Shandon Bell ».
À l’issue du spectacle, je cours jusqu’à l’événement de danse traditionnelle, afin d’en voir une petite partie. On y danse le «set carré». Au début de la soirée, le public est réparti en groupes, le plus souvent composés de quatre personnes. Sur la scène, on trouve un duo de musiciens et un hôte ou un calleur qui est chargé d’annoncer les mouvements de danse à exécuter. Historiquement, en raison des origines nord-américaines de la danse, les « calls » étaient exclusivement donnés en anglais. Ce n’est qu’à partir des années 1930 que la langue française s’est imposée.
Après le spectacle, nous avons reçu une invitation pour un « jam trad », un événement privé ouvert uniquement aux musiciens et au personnel du Carrefour. À la fin de la soirée, on retrouvait 20 accordéons, 5 violons, un harmonica, une cabrette (famille d’instruments de cornemuse) et 3 guitares acoustiques. Ensemble, ils ont improvisé sur le répertoire folklorique traditionnel. À mon avis, cet événement a vraiment capturé l’essence de la plupart des musiques folkloriques : socialiser, danser et passer un bon moment. Je souhaite que les organisateurs du Carrefour puissent trouver un moyen de présenter un spectacle similaire au public à l’avenir. De plus, puisque ce type de musique est destiné depuis son apparition à être dansé, certains des concerts en salle auraient été mieux adaptés pour le plein air.
Je quitte la ville de Montmagny et son Carrefour mondial de l’accordéon par un dimanche matin pluvieux alors qu’une gigue entraînante de la veille joue en boucle dans ma tête. Après deux jours amusants et intenses, mon seul regret est de ne pas avoir pu assister à plus de concerts et d’activités.
Traduit par Benjamin Goron
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