Jacques Marchand et Marie-Christine Tremblay : Mécénat Musica Mécènes en résidence

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Les mécènes en résidence de Mécénat Musica aident les donateurs à se joindre au programme afin d’encourager une vie culturelle fructueuse au sein de la communauté pour des générations à venir. Jacques Marchand et Marie-Christine Tremblay ont eux-mêmes contribué au programme en tant que mécènes. Le leadership et la collaboration de Jacques Marchand et Marie-Christine Tremblay ont permis l’adhésion de plus de 100 mécènes à Mécénat Musica pour le bénéfice de 24 organismes culturels depuis 2019.

Photo : Andree Lanthier

« J’ai dit à certains : nous allons continuer à assurer votre saison régulière tout en investissant dans un fonds perpétuel. »

La vie de Jacques Marchand se divise en deux mouvements, chacun ayant son propre tempo. Le premier est entrepreneurial : des décennies ont été consacrées à faire passer le Collège LaSalle d’une institution locale à un réseau mondial. La seconde est artistique : un virage de fin de carrière qui lui a permis de transformer sa passion pour la musique en une philanthropie stratégique et soutenue.

En 1979, Marchand fut recruté par le fondateur de LaSalle, Jean-Paul Morin. Fraîchement diplômé et titulaire d’un poste à HEC Montréal, il fut séduit par l’opportunité d’apprendre auprès d’un fondateur et véritable entrepreneur. En trois ans, il devint directeur général et, peu après, actionnaire chargé d’assurer la continuité après le départ à la retraite de Morin. Cette transition coïncida avec la construction d’un campus plus vaste destiné à propulser le collège sur les 30 à 40 prochaines années. Le projet était logique, jusqu’à ce que les données démographiques mettent en garde contre le déclin de la population jeune au Québec.

La réponse a été de s’ouvrir à l’international. La première percée eut lieu au Maroc, où des propriétaires d’écoles locales proposèrent un partenariat pour offrir un programme d’études canadien à Casablanca et à Rabat. Le modèle était pragmatique : copropriété avec des partenaires locaux compétents, formation des enseignants à Montréal et intégration progressive de professeurs canadiens seulement où c’était nécessaire.

Les programmes fédéraux d’exportation ont contribué à réduire les risques en subventionnant les coûts de démarrage et les affectations temporaires d’enseignants canadiens. Le concept ayant fait ses preuves, des projets similaires ont suivi à Singapour, en Chine, en Malaisie, en Turquie, en Tunisie et dans toute l’Amérique du Sud. En douze ans, LaSalle a étendu ses activités à 12 pays sur cinq continents, passant d’environ 1 000 étudiants à plus de 5 000 sur le campus de Montréal.

L’approche de Marchand privilégiait une gestion du risque mesurée, en commençant modestement sur chaque marché, en progressant avec persévérance et en adaptant l’ambition aux capacités sur le terrain. Plus tard, lorsque l’organisation a été en mesure d’absorber des changements plus importants, il a dirigé des acquisitions, notamment celle de la première université privée au Maroc.

Il en a résulté un groupe canadien d’éducation doté d’une empreinte mondiale unique et de partenaires locaux partageant la même gouvernance, la même réputation et les mêmes normes. Fidèle à son approche familiale, Marchand a pris du recul, ces dernières années, par rapport à la direction quotidienne, cédant la présidence à son fils Claude qui avait gravi les échelons.

Débuts musicaux

Marchand a grandi à Laval-des-Rapides dans une famille modeste mais généreuse. Il attribue son esprit philanthropique à sa mère. Jusqu’à ce que sa voix mue, il chantait des solos de soprano comme Minuit, Chrétiens à l’église du Bon-Pasteur. À 13 ans, il est tombé amoureux des Beatles. L’attrait de la musique ne l’a jamais quitté : « Ce n’était tout simplement pas un moyen de gagner sa vie », explique Marchand.

À 60 ans, davantage maître de son temps, il a commencé à étudier le piano avec un jeune pour le convaincre que c’était toujours faisable. Il a rapidement maîtrisé l’interprétation de tubes des Beatles comme Let it Be. Lorsqu’il souhaita poursuivre sa formation classique, la regrettée Rolande Royer de La petite maison des arts lui suggéra d’étudier avec Jean-Philippe Sylvestre, un jeune prodige du piano. Un jour, Sylvestre lui confia qu’il envisageait d’abandonner sa carrière de concertiste pour trouver un emploi plus stable et fonder une famille.

Cela inspira Marchand à l’aider et il fit ce qu’il avait toujours fait en affaires : cartographier l’écosystème, rencontrer les décideurs et s’employer à ouvrir des portes. Il contacta des chefs d’orchestre et des orchestres (de Yannick Nézet-Séguin à Kent Nagano et Alain Trudel) et obtint rapidement des engagements.

« Rencontrer des orchestres m’a aussi ouvert les yeux sur leurs défis, surtout les plus petits comme Laval et Longueuil. J’ai décidé de les aider à collecter des fonds pour embaucher plus de musiciens. J’organisais des concerts de salon à la maison, j’invitais des gens d’affaires et, lorsqu’ils tombaient sous le charme des artistes, il leur était plus facile de donner. C’est ainsi que j’ai bâti un réseau autour de la musique classique. »

Mécénat Musica

Ces concerts de salon visaient un objectif plus vaste : bâtir des fondations financières solides pour les organismes musicaux. Marchand a constaté que la collecte de fonds annuelle, aussi essentielle soit-elle, maintenait les dirigeants sur la bonne voie; ce qui leur manquait, c’était un capital composé et un rendement prévisible. C’est ainsi qu’est né Mécénat Musica, un programme axé sur des fonds de dotation perpétuels. Marchand est devenu un ardent défenseur et organisateur, notamment du côté francophone du Québec, aidant plus de 20 ensembles à créer ou à développer des fonds de dotation distribuant un pourcentage annuel stable.

« Au début, ils disaient : “Excellente idée, mais nous avons à peine les fonds pour notre saison; nous passons toute l’année à collecter des fonds; nous ne pouvons pas investir dans un fonds de dotation.” J’ai dit à certains : nous allons continuer à assurer votre saison régulière tout en investissant dans un fonds perpétuel », explique-t-il.

« Au cours des six ou sept dernières années, nous avons constitué des fonds de dotation importants. Chaque année, ces fonds distribuent environ 5 %. Un don de 25 000 $, combiné à d’autres dons et aux dons de contrepartie du gouvernement, atteint un million de dollars ou plus; un fonds de 5 millions de dollars rapporte environ 250 000 $ par an, ce qui représente une part importante d’un budget. C’est beaucoup plus facile que de quémander ce montant chaque année. »

Le plaidoyer de Marchand s’étend aux politiques. Ses lettres de 2021 aux ministres ont contribué à la décision du gouvernement du Québec de renouveler le crédit d’impôt supplémentaire unique pour un don culturel important. « J’aimerais que le gouvernement permette à chaque citoyen de faire deux dons culturels importants dans une vie au lieu d’un seul et qu’il augmente l’enveloppe de Mécénat Placements Culture de 5 millions de dollars à 25 millions de dollars, déclare Marchand. Les bonnes années, il faudrait augmenter l’enveloppe de contrepartie. La culture devrait être traitée comme l’éducation et la santé. »

Son message aux entreprises ? « Nous devrions transférer une partie de notre richesse collective aux artistes par le biais de divers mécanismes : Mécénat Musica, collectes de fonds annuelles, soutien direct aux artistes. Les entreprises peuvent également améliorer la qualité de vie de leurs employés en facilitant l’accès aux spectacles (les billets coûtent cher si l’on ajoute le stationnement, la garde d’enfants et les repas), tout comme elles subventionnent les abonnements aux salles de sport. Investir dans la culture renforce notre société. Avec un soutien adéquat à l’éducation, à la santé et aux arts, notre société devient encore plus distincte et forte. »

Traduction : Justin Bernard

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