Critique CD | Opus 961 (Dreyer Gaido, 2024)

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Dreyer Gaido
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Opus 961
Noémie Chemali, alto
Dreyer Gaido, 2024

Le 4 août 2020, une explosion au port de Beyrouth emportait la moitié de la ville, détruisant trois hôpitaux et les maisons de 300 000 personnes. Noémie Chemali, dont la maison de la grand-mère a été rasée, dédie son premier album, Opus 961, à la résilience des habitants de Beyrouth.

Les œuvres présentées sont toutes composées par de jeunes musiciens libanais. Dans Cadenza from “The Brown Texts” (2018) de Layale Chaker, la musicienne explore les possibilités expressives de l’alto en tant qu’instrument percussif et générateur de tension. De longs moments de silence sont rompus par des coups d’archet qui s’intensifient progressivement. La mélodie fragmentée se veut une réflexion sur les difficultés à maintenir la culture libanaise à travers 75 ans de guerres et de désastres.

L’interprétation de The Revolt of the Stars (2018) est brillante. Un bourdonnement bas et constant ainsi qu’un air de boîte à musique dramatique plantent le décor d’un voyage que Chemali semble hésiter à entreprendre, jusqu’à ce qu’une série de voix effroyables commence à guider l’alto. Les tambours l’entraînent dans un environnement onirique avec une contrebasse imposante. Lorsque la composition s’achève, il ne reste plus que les tambours et la boîte à musique. L’œuvre de Mary Kouyoumdjian met légitimement en doute l’efficacité des groupes révolutionnaires lorsqu’ils n’ont pas l’esprit de résistance à l’injustice.

Ces pièces s’accordent bien avec Kadishat (2014), hymne du trisagion en arabe composé par Chemali elle-même. L’œuvre introduit des mélodies distinctives à l’intérieur de moments de percussion. Elle se termine de manière optimiste, comme pour dire que la force des habitants de Beyrouth et de la culture libanaise suffit à surmonter tous les obstacles.