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Night Light
Philip Chiu, piano; Lara Deutsch, flûte
Leaf Music, 2022
Inspiration centrale de l’album Night Light de Chiu et Deutsch, le concept de « rêve » prend de nombreuses formes, dont certaines fonctionnent mieux que d’autres. La flûtiste et le pianiste sont tour à tour les musiciens principaux de Digital Bird Suite, op. 15 de Takashi Yoshimatsu et de I conversed with you in a dream de Jocelyn Morlock pour évoquer les émotions contradictoires associées au vol dans un rêve – l’euphorie d’avoir accompli un acte impossible et la déception d’en découvrir au réveil la fausseté. Le duo utilise avec tact l’approche minimaliste en laissant souvent leurs instruments se taire, ce qui permet à l’auditeur de contempler la vacuité des rêves.
L’album adopte ensuite une tonalité beaucoup plus sinistre, quoique douce, dès le début de Night de Frédéric Lacroix, qui reprend l’idée d’un camping onirique. Même si la flûte connaît des moments puissants et tendus tout au long de Night, comme si une histoire audacieuse était racontée autour d’un feu de camp crépitant, Deutsch n’atteint jamais le crescendo explosif qu’elle semble rechercher.
Chiu et Deutsch offrent plutôt ce jeu explosif dans les Introductions and Variations on “Trockne Blumen”, de Schubert, dont la conversation sur la mort dans les rêves et les récits fictifs complètent les thèmes de l’album. Le tout premier enregistrement conjoint du duo en studio concernait les Variations, aussi leur belle interprétation de ces œuvres complète-t-elle la démonstration de leurs compétences. De même, les œuvres de Schubert constituent une conclusion satisfaisante et étonnamment optimiste de l’album, qui compense le manque d’intensité de Night.
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