Critique concert | Bach réinventé : une expérimentation réussie

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Le mercredi 29 novembre 2023, le Festival Bach de Montréal accueillait Vincent Lauzer, flûtes à bec, et Dorothéa Ventura, clavecin, dans le cadre de la programmation Off Bach. Accueilli à l’Espace Wip sur la rue Saint-Laurent par une salle comble, le duo proposait un programme insolite consistant en trois suites recomposées à la base de divers mouvements de danses de J.S. Bach.

Parsemé par quelques « trous normands », selon l’expression charmante des deux spécialistes de musique baroque, le programme comprenait aussi deux Sinfonias des Cantates BWV 35 et 156 ainsi qu’un mouvement du concerto de Benedetto Marcello transcrit par Bach lui-même (BWV 974). D’après Lauzer, le public présent ferait figure de cobaye pour cette « expérience musicale ».

Les premières notes jouées par les deux musiciens apaisèrent quelques soupçons soulevés par un programme en apparence aussi éclectique. La complicité des deux musiciens, leur maîtrise parfaite des codes stylistiques, la merveilleuse sonorité de leurs instruments, les tempos justes, l’impulsion rythmique entraînante, sans mentionner leur splendide virtuosité, séduisirent le public. Chaque morceau de danse choisi dans l’énorme répertoire du maître allemand s’enchaînait naturellement dans les « nouvelles » suites. Si la plupart des danses étaient composées dans le ton prédominant de chaque suite, certaines durent être transposées (à l’avance, bien sûr). Les auditeurs reconnurent certains extraits des suites françaises pour clavecin, des partitas pour violon seul ou des suites pour violoncelle.

Recomposer la partie harmonique de l’accompagnement au clavecin fut un défi, se confie Ventura, car l’écriture de Bach est d’une grande précision et d’un raffinement technique incomparable. Pourtant, elle n’en laissa rien apercevoir dans son jeu limpide, expressif et élégant. Soutenant son collègue avec l’instinct d’une chambriste chevronnée, elle démontra ses talents de solistes dans le Concerto en ré mineur BWV 974 pour clavecin seul. Pour sa part, Lauzer transporta son public avec ses immenses talents d’interprètes vers des sommets musicaux rarement entendus en concert.

Somme toute, le concert fut d’une richesse et d’une fraîcheur incomparable tant du point de vue stylistique, rythmique, technique que par la parfaite complicité de Ventura et Lauzer. Nul cobaye ne fut aussi bien traité que le public dans cette expérience musicale unique qui, sans doute, s’aligna avec les pratiques baroques authentiques. Un trésor à retrouver l’année prochaine, on espère !

Festival Bach de Montréal
festivalbachmontreal.com

Vincent Lauzer
vincentlauzer.com

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