Critique CD | Kevin Lau: Under a Veil of Stars (Leaf Music, 2023)

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Kevin Lau: Under a Veil of Stars
St. John-Mercer-Park Trio; Kevin Lau, compositeur
Leaf Music, septembre 2023

Les notes de programme traduisent rarement la nature intangible, inexprimable des œuvres qu’elles décrivent. Ce n’est pas le cas cependant pour l’album Under a Veil of Stars du compositeur Kevin Lau, dont les mots décrivent très justement comme une intime et cosmique « musique accueillante avec une douce familiarité qui vous enveloppe tout en embarquant dans une découverte de l’univers lui-même ».

Les quatre trios avec piano du compositeur canadien originaire de Hong Kong sont merveilleusement interprétés par le St. John-Mercer-Park Trio (Scott St. John, Rachel Mercer et Angela Park). L’ouverture du premier mouvement, The Stars are Never Still, démontre un jeu souple et limpide au piano et d’exquises et vives sonorités dans les cordes. L’écriture fluide de Lau évoque des espaces colorés et des textures variées. Des airs de musique espagnole et modale, combinés à des échos des répertoires classique et populaire, amènent des accents intéressants, rappelant l’esprit de la naïveté américaine (dérivée d’Aaron Copland).

Le deuxième mouvement, Land of Poison Trees, reflète, dans ses motifs rythmiques et mélodiques répétitifs, la cacophonie de la vie moderne. Les harmonies consonantes sont agréables à écouter et l’excellent jeu du trio exprime la musique de Lau avec tendresse et chaleur. À l’opposé, le troisième mouvement, In That Shoreless Ocean, crée une atmosphère de résignation : la fin d’une vie courte et remplie pour ce magnifique trio avec piano.

Joué par Angela Park, The Dreamer, pour piano seul, prend son mouvement d’un motif rythmique répétitif et syncopé qui rappelle de la musique familière, mais dont les contours nous échappent. Des soupçons de musique traditionnelle juive et arabe saupoudrent une splendide mélodie au piano. Rappelant Philip Glass et la bande sonore de Shtisel, une série Netflix israélienne, la pure simplicité de l’écriture est splendide.

Dans son duo pour piano et violon If Life Were Like a Mirror, Lau offre un bouquet de thèmes, mélodies et fragments musicaux familiers dont les sources ne sont pas toujours claires. Dans un collage postmoderne de fragments, l’auditeur peut relever l’œuvre de J. S. Bach (incluant Jésus, que ma joie demeure), Beethoven (sonates Appassionata, Au clair de lune et op. 111), Mozart (Sonate en mi mineur pour violon et piano) et Piazolla (accents de tango).

Le reste de l’album contient Piano Trio No. 1, Timescape Variations, A Simple Secret pour trio avec piano et Intuitions No. 2 pour violon et violoncelle. Dans une harmonie parfaite entre le contenu poétique de la musique et les talents de chacun des membres du trio, l’imagination colorée de Lau évoque la nature, l’océan et les grands espaces. L’écriture d’une grande sensibilité mélodique projette une émotion délicate. Le rythme dynamique assure le flot continu de la musique.

Voici donc une merveilleuse découverte d’œuvres contemporaines accessibles, agréables à écouter et riches en tous aspects : mélodie, rythme, couleur et harmonie, contrepoint, technique, sonorité et timbre. Grâce à l’excellent enregistrement des ingénieurs de Leaf Music, l’imagination de Lau est pleinement captée et exprimée par le jeu brillant du St. John-Mercer-Park Trio. Un cadeau pour tous les mélomanes, à écouter et savourer.

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