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Forte du succès retentissant de sa dernière production, J’aime Hydro, la compagnie de théâtre documentaire Les Productions Porte Parole présentera The Assembly au Crow’s Theatre de Toronto ce mois-ci. La pièce, une tentative de désamorcer la polarisation politique, se produira ensuite à l’Espace Go de Montréal en novembre, alternant anglais et français, dans le cadre du marché des arts de la scène CINARS. L’Assemblée sera présentée pendant deux semaines.
Annabel Soutar est la directrice artistique de Porte Parole et l’une des trois auteurs de L’Assemblée. Elle a grandi à Westmount avec des parents qui « étaient des conservateurs en pensée, dans le contexte canadien ». Principalement auteure, Soutar a écrit huit pièces et elle est dramaturge pour J’aime Hydro. Sa compagnie veut éduquer les citoyens et être un catalyseur du changement. Pour ce faire, ils choisissent des citoyens ordinaires aux idéologies et aux horizons différents comme principal matériau de recherche pour leurs pièces. Dès qu’ils ont trouvé quatre personnes prêtes à débattre dans un contexte public, ils laissent le débat se dérouler sans vraiment le modérer. Le modèle conceptuel est celui de la « longue table », explique Soutar. L’Assemblée s’appuie sur les transcriptions textuelles du débat, adaptées pour correspondre à la durée de la pièce.
J’aime Hydro, qui met en vedette les acteurs Christine Beaulieu et Mathieu Gosselin, fait du théâtre dynamique, en dépit de sa matière première brute. En amont de l’écriture, Beaulieu s’est entretenue avec de hauts responsables du service public. Elle a également rencontré des groupes de citoyens, assisté à des auditions publiques et visité des barrages hydroélectriques.
Les recherches se sont concentrées sur le projet d’Hydro-Québec visant à compléter son complexe hydroélectrique sur la rivière Romaine, déjà exploré dans le documentaire Chercher le courant avec l’acteur Roy Dupuis. La structure de J’aime Hydro s’appuie sur la démarche entreprise par Beaulieu pour mieux comprendre le problème du complexe de la Romaine, et plus généralement sur Hydro-Québec. D’une franchise désarmante, son personnage, qui représente Soutar, admet n’avoir aucune connaissance préalable sur le sujet. La durée du spectacle est de 3 heures 40 minutes.
Créée en 2016, J’aime Hydro a effectué une tournée dans la province et a été jouée plusieurs fois en 2017 au Festival Juste pour rire. En 2019, elle sera de nouveau en tournée au Québec et jouera à la Place des Arts du 17 au 20 avril au Théâtre Jean-Duceppe. Elle a été saluée par la critique et a remporté, entre autres, le prix 2016-17 de la meilleure production par l’Association québécoise des critiques de théâtre. Plus de 50 représentations ont eu lieu, ce qui est remarquable compte tenu de son sujet et de sa durée.
Hydro-Québec a joué un rôle central dans la société québécoise depuis la Révolution tranquille. « Maîtres chez nous », cette formule rendue célèbre par le premier ministre de l’époque, Jean Lesage, au début des années soixante, est en lien avec la nationalisation de l’hydroélectricité. Dans notre époque de crise environnementale, J’aime Hydro semble avoir touché un nerf sensible et conduit les Québécois à aller au-delà de leur attachement émotionnel à Hydro-Québec pour réexaminer cette institution importante de manière plus critique.
L’Assemblée est en fait basée sur plus d’une réunion publique. La première, dit Soutar, n’a pas réussi à atteindre les objectifs de Porte Parole. Ils ont donc trouvé de nouveaux participants et organisé une deuxième réunion publique. Celle-ci a fourni le matériau nécessaire. Le climat politique actuel est décrit ainsi sur le site web de Porte Parole : « Piraterie idéologique où les soi-disant libéraux et conservateurs se regroupent et deviennent incapables de parler rationnellement de politique ensemble. La polarisation politique a atteint un point critique. » Le projet de théâtre documentaire en série bilingue a débuté en avril 2016, lorsque Soutar a chargé les acteurs Alex Ivanovici et Brett Watson, coauteurs du texte, d’interroger des Américains au sujet des raisons pour lesquelles ils ont soutenu Donald Trump lors des primaires présidentielles. Le projet a ensuite évolué vers un examen plus complet du dysfonctionnement du discours politique, qui dépasse la simple dynamique politique nord-américaine, déclare l’auteur.
Les versions anglaise et française de L’Assemblée partagent plus que leur idée centrale. Le metteur en scène est Chris Abraham (lauréat du prix Siminovitch), directeur artistique du Crow’s Theatre. Ivanovici et Watson jouent dans les deux versions et les équipes de conception et de production sont les mêmes. Les deux pièces comprennent un segment avec des membres du public remplaçant les acteurs à la longue table et ayant leur propre dialogue, le ton restant celui d’un débat respectueux. The Assembly et L’Assemblée diffèrent cependant sur quelques points. La production anglaise comprend deux femmes et deux hommes représentant la deuxième assemblée anglaise, alors qu’en français, il y a quatre femmes, un clin d’œil aux origines d’Espace Go comme Théâtre Expérimental des Femmes. La tranche d’âge dans l’exposition anglaise est plus grande que dans la version française : 21 à 71 ans contre 25 à 55 ans.
Les acteurs supplémentaires dans la production anglaise sont Jimmy Blais, Sean Colby, Tanja Jacobs et Ngozi Paul. En français, il s’agit de la célèbre Pascale Bussières et d’Amélie Grenier, Nora Guerch et Christina Tannous.
Soutar, Ivanovici et Watson se sont récemment rendus au Maryland pour préparer une version américaine de L’Assemblée. Soutar espère que cette troisième version « partira en tournée et jouera finalement au Canada. » L’objectif de Porte Parole est que la gauche et la droite transcendent leurs étiquettes idéologiques pour s’écouter mutuellement. Soutar elle-même a déclaré qu’elle espérait que le spectacle rende le discours politique « un peu plus productif ».
Traduit par Benjamin Goron
L’Assemblée sera présentée au Crow’s Theatre de Toronto du 25 octobre au 13 novembre.
Le Théâtre Espace Go à Montréal présentera la version anglaise du 10 au 17 novembre et la version française du 13 novembre au 2 décembre.
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