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La Vancouver Recital Society fête ses 45 ans cette saison. Pas mal pour une entreprise dont peu de gens pensaient qu’elle durerait un an dans une ville perchée au bord du Pacifique et plus connue pour ses montagnes que pour sa culture. Si la VRS se porte toujours bien aujourd’hui, c’est uniquement grâce à sa fondatrice et directrice artistique, Leila Getz, une femme qui croit fermement aux grands actes de foi.
« J’ai rencontré mon mari Leon à l’âge de 25 ans, raconte Getz. Trois semaines plus tard, j’étais mariée et en route pour le Canada. »
Ils étaient tous deux originaires du Cap, en Afrique du Sud. Leon rendait visite à ses parents avant de retourner enseigner le droit à l’Université de Colombie-Britannique. Leila, formée au piano et au violoncelle, travaillait comme professeure de musique et organisait des concerts sur la scène musicale florissante du Cap. Vancouver, en revanche, ressemblait à un désert musical, au point que « Leon m’a finalement dit d’arrêter de me plaindre et de faire quelque chose pour y remédier ». C’est ce qu’elle a fait.
« Dès que j’ai pu, je me suis rendue à New York pour voir si je pouvais trouver des artistes prêts à venir ici », dit Getz. Depuis la fin des années 1970, elle a parcouru d’innombrables kilomètres, visionné des heures de vidéo et écouté attentivement le bouche-à-oreille. Elle a appris auprès d’éminents mentors, tels que William Lyne du Wigmore Hall de Londres, et a siégé dans des jurys de grands concours musicaux, tout cela pour s’assurer de ne jamais rater un artiste essentiel. Pendant tout ce temps, Getz a fait ses choix définitifs en se basant sur une seule chose, son instinct.
Âgée de 83 ans, Getz déborde d’intelligence et d’énergie, même lorsqu’elle s’exprime par téléphone depuis la cafétéria de l’hôpital St. Paul de Vancouver, où elle se remet de plusieurs méchantes fractures. Elle sait viscéralement quand elle est en présence d’un véritable talent. « Quand c’est là, ça vous assomme », dit-elle.
Ayant commencé par cinq concerts au minuscule Arts Club Theatre de Granville Island en 1980-81, la VRS présente aujourd’hui 20 concerts par saison au Chan Centre for the Performing Arts de l’UBC ainsi qu’à deux endroits du centre-ville : l’intime Vancouver Playhouse et, pour les très grands noms (comme Yo-Yo Ma qui se produira en mai 2025), l’historique Orpheum Theatre. Les concerts se répartissent en deux catégories principales : les artistes confirmés et les jeunes talents.
La liste des grands noms de la musique qui se sont produits avec VRS est exceptionnelle. Elle comprend des légendes comme Vladimir Ashkenazy, Jessye Norman, Itzhak Perlman, Alfred Brendel et Evgeny Kissin ainsi que Joshua Bell, Anne Sofie von Otter, Bryn Terfel, Maxim Vengerov et sir András Schiff pour leurs débuts au Canada. (Et vlan, Toronto !) Mais il s’agit là de choix faciles : n’importe qui savait que ces grandes vedettes feraient vendre des billets. Là où Getz brille vraiment, c’est en reconnaissant des artistes émergents si talentueux que le public, et non seulement celui de Vancouver, a appris à se fier à son jugement et à suivre son exemple. On sait que d’autres organisateurs musicaux ont même réservé des musiciens simplement sur la base de leur apparition au sein de la VRS.
La liste des artistes émergents de Getz comprend le pianiste canadien Jaeden Izik-Dzurko, qui s’est produit au Playhouse en 2020 et qui a remporté le prestigieux concours international de piano de Leeds en septembre dernier. Les pianistes Lang Lang et Yuja Wang ont été engagés alors qu’ils étaient à peine connus. Mais Cecilia Bartoli reste l’une des « trouvailles » préférées de Getz.
Getz a d’abord engagé la mezzo-soprano italienne pour jouer à l’Orpheum en 1992, puis l’a réengagée pour deux autres concerts l’année suivante. « Je savais qu’elle allait devenir célèbre, dit Getz, mais elle ne l’était pas encore. Je me tenais presque au coin des rues pour supplier les gens de venir. Nous avons réussi à remplir environ la moitié du théâtre pour ce premier récital et le bouche-à-oreille a été absolument fantastique. » L’année suivante, les deux représentations de Bartoli – dont une avec l’Orchestre de la CBC à Vancouver sous la direction de Mario Bernardi – se sont toutes deux déroulées à guichets fermés. « Le public était absolument ébloui, raconte Getz. Mario ne savait pas ce qui lui arrivait. Lorsque Cecilia est revenue quelques années plus tard, les choses ont vraiment changé pour nous. Elle a en quelque sorte consolidé nos finances, comme une fée marraine. »
Comme avec de nombreux artistes qu’elle a invités à plusieurs reprises, dont sir András Schiff – « un poète, si intelligent; lorsqu’il joue du piano, il me bouleverse » –, Getz entretient une relation étroite avec Bartoli, même si la chanteuse n’aime pas prendre l’avion, ce qui signifie qu’elle ne reviendra probablement jamais. Il y en a eu une poignée, cependant, que Getz préférerait oublier.
« Nous avons présenté trois des pires concerts auxquels j’ai assisté, dit-elle, y compris une pianiste qui est allée répéter au Playhouse et a dit à la personne chargée des éclairages : “Je ne veux pas de lumière dans la salle. Je veux que la seule lumière soit sur moi parce que je suis le concert.” Je me suis dit “Oh merde” et ce n’était pas trop fort parce que ce fut un concert épouvantable. » Le mari de Getz, habituellement son plus grand soutien, n’a pas voulu, hélas, la laisser quitter la salle.
Voir www.vanrecital.com pour les concerts et événements à venir.
Traduction : Andréanne Venne
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