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« À la fin, j’avais peine à gérer mes émotions », a déclaré Thomas Yu, en décrivant la prestation qui lui a permis de remporter le premier prix du concours international de piano amateur Van Cliburn, qui s’est tenu à Fort Worth, au Texas, le 25 juin dernier.
Yu, un parodontiste de Calgary, était l’un des six finalistes qui ont joué un mouvement d’un concerto pour piano avec le Fort Worth Symphony Orchestra, sous la direction de Damon Gupton. Il avait choisi le troisième mouvement du Concerto pour piano no 5 de Saint-Saëns. « Je n’avais que six minutes pour livrer au public et aux jurés la performance de ma vie, a-t-il déclaré. C’est difficile de se mettre dans un tel état d’esprit en si peu de temps, surtout en jouant un troisième mouvement, alors la seule chose que je pouvais faire, c’était de gérer mon stress. J’étais de plus en plus à l’aise au fur et à mesure que le mouvement progressait ».
Le premier prix consiste en une somme de 2 000 $ et une paire de billets et un statut d’invité officiel au 15e concours international de piano Van Cliburn, qui se tiendra en 2017. Yu n’est pas le premier venu dans le monde des concours de piano amateurs. Il a remporté le concours Héros du piano 2015 organisé par CBC/Radio-Canada, quelques mois à peine après avoir été couronné au Honens ProAm de Calgary, en 2014.
Moment décisif
Pour atteindre la finale, Yu a dû se tailler une place parmi les 70 concurrents et franchir les quarts de finale et la demi-finale. « En ce qui me concerne, le moment décisif est venu tôt, quand j’ai choisi la pièce Butterflies and Bobcats du compositeur David McIntyre, originaire de Regina. S’il est un pianiste populaire auprès des Canadiens, il demeure plutôt méconnu des Américains. Le public, les jurés et la presse ont adoré, ce qui a fait vibrer en moi ma fibre saskatchewanaise ! »
Contrairement aux concours de piano professionnels, qui imposent habituellement un âge maximum, les concours de piano amateurs exigent souvent un âge minimum; celui du Van Cliburn est de 35 ans. À 38 ans, Yu en était à sa première tentative.
« L’ambiance d’un concours de piano amateur est différente de celle d’un concours professionnel, dit-il. Personne n’a besoin de gagner pour lancer sa carrière, alors la compétition n’est pas trop féroce. Cela dit, la pression tout au long de la semaine a été plus forte que prévu. Rien ne nous prépare pour le matin de l’épreuve finale. Attendre en coulisses est également dur pour les nerfs. Heureusement, l’équipe dévouée qui s’occupe de la scène est là si on a besoin de quoi que ce soit. Le coussin chauffant pour les mains a d’ailleurs fait fureur auprès des concurrents ! »
Yu était le plus jeune des finalistes, une motivation en soi. « Michael Slavin, 65 ans, jouait avant moi et son interprétation du Concerto pour piano no 3 de Beethoven était sublime. Un niveau de jeu tellement élevé des concurrents plus âgés m’a inspiré. J’espère pouvoir jouer comme eux toute ma vie. »
Cette fois, il avait un motif supplémentaire pour bien jouer. « Par-dessus tout, j’ai eu une pensée pour ma mère qui est décédée récemment. Je lui ai dédié chaque note de chaque épreuve, et je me disais qu’elle serait fière. »
Quelle est la prochaine étape pour Yu ? « J’aimerais organiser des cours de maître à Calgary où les pianistes amateurs pourraient venir étudier, jouer et se produire. Il serait bien de voir un jour le Canada s’imposer comme une plaque tournante dans le développement de pianistes amateurs. »
Une plus longue version en anglais de cet article est d’abord parue à www.cbcmusic.ca.
Traduction: Patrick Goyette
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