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Non seulement l’amour est-il au centre de l’œuvre de Wolfgang Amadeus Mozart, mais il a chanté l’amour d’une façon qui nous touche encore, plus de 225 ans après sa mort. Des opéras comme Les Noces de Figaro, Don Giovanni, Così fan tutte ou La Flûte enchantée, pour ne citer que les plus célèbres, sont encore aujourd’hui parmi les opéras les plus aimés, joués et enregistrés. Pourquoi ? Examinons un peu la question.
L’œuvre de Mozart se situe dans la seconde partie du 18e siècle, période classique de la musique. Cette époque a des traits bien particuliers qui la distinguent de la musique de la période précédente, qu’on appelle musique baroque. Généralement, on fait commencer la période classique en 1750, soit l’année de la mort de Jean-Sébastien Bach, et on la fait se terminer vers le début des années 1800, à partir de la 3e Symphonie « Eroica » de Beethoven, qui affirme un ton nouveau dans la musique. Mozart ressent très fortement l’appel de son époque pour le développement d’une musique qui communique avec un auditoire plus large que la musique baroque, qui est moins complexe dans ses formes et qui peut être fredonnée par un public non instruit. La fugue, caractéristique de la musique baroque, est une musique à thèmes multiples qui s’enchevêtrent les uns dans les autres dans des relations complexes, sans qu’un thème donné domine. À l’écoute, c’est la structure que l’on ressent. La période classique est marquée par le triomphe de la mélodie dans laquelle un thème ressort, évoquant des émotions nouvelles. Évidemment, ces périodes ne sont pas hermétiques. La musique baroque est très riche en développement de la mélodie et prépare le terrain à la période suivante. On parle ici de tendances, de direction des choses.
Mozart est au cœur de cette effervescence musicale et culturelle qui concorde avec celle de la société. Il fait partie de ceux qui cherchent à élargir la communication musicale avec le public et les gens de son temps, et le thème de l’amour est au centre de son œuvre. La demande de la mélodie s’impose dans la seconde moitié du 18e siècle dans le contexte de l’ébullition des idées et des grands mouvements populaires qui se déroulent. On demande une musique qui exprime les aspirations nouvelles et l’élan vers de grandes transformations économiques, sociales et politiques qui mettent fin à la féodalité et ses institutions.
En ce qui concerne le contenu, si on prend par exemple l’opéra du 18e siècle, la transformation s’opère entre l’amour parmi les dieux ou les héros et l’amour entre êtres humains, avec leurs joies et malheurs, qui ne sont pas dirigés par les dieux. Le thème, la mélodie, exprime le sentiment de l’être humain qui fait irruption sur la scène de l’opéra. La mélodie, dans les opéras de Mozart, surgit de partout, au service de l’expression d’un état d’âme et d’une situation dramatique. Les personnages de Mozart sont des plus variés et sont couverts de cet amour qui dénote une sympathie pour la personne de la part du compositeur.
Dans Così fan tutte, par exemple, il met en scène des jeunes qui se courtisent, tout en cherchant l’amour. Dans Les Noces de Figaro, la lutte entre les valets et les maîtres tourne autour de l’amour opposé au privilège féodal. La Flûte enchantée est une féérie qui établit un parallèle entre un couple princier qui connaîtra l’amour initiatique sous les auspices des dieux Isis et Osiris et un couple simple qui cherche l’amour profane et les plaisirs de la vie. Mozart y exprime sa sympathie envers les deux. Dans Don Giovanni, les passions se déchaînent, depuis l’obsession frénétique de conquête qui anime Don Juan jusqu’aux autres qui expriment différentes attitudes face à l’amour. On n’avait jamais vu des personnages comme ceux-là auparavant et, grâce au génie de Mozart, ils sont encore uniques aujourd’hui.
On trouve une définition de l’amour selon Mozart dans le passage qui conclut Les Noces de Figaro :
« Ah, nous serons enfin tous heureux ainsi ! Ce jour de souffrances, de caprices et de folie, l’amour seul pouvait le faire finir dans la satisfaction et la joie ! Époux, amis, allons danser et nous amuser ! Mettons le feu aux poudres et au son d’une joyeuse marche, courons tous célébrer l’amour ! »
La lutte entre les valets et les maîtres se réconcilie dans l’amour. C’est une conception de l’amour d’avant la Révolution française et la musique romantique, laquelle va amener sur la scène les conflits sociaux et politiques et l’amour humain dans un nouveau contexte.
Les lectrices et lecteurs qui sont intéressés par le sujet de Mozart et l’amour peuvent visionner les versions captées en direct de Così, Don Giovanni et La Flûte enchantée sous la direction de John Eliot Gardiner sur YouTube. Elles sont très dynamiques, avec des interprètes qui non seulement chantent bien, mais jouent bien. L’intrigue amoureuse et dramatique est au centre de l’interprétation et on se surprend à être ému par ces personnages qui revivent sous nos yeux.
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