Critique | Concert annuel du Vendredi saint du Choeur de l’UQAM : Un bel enthousiasme, une belle musicalité

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Le Choeur de l’UQAM et la Société philarmonique de Montréal ont marqué le 45e anniversaire du choeur en interprétant la Messe KV 427 de Mozart lors de leur concert annuel du Vendredi saint à l’église Saint-Jean-Baptiste de Montréal, le vendredi 7 avril. Le Choeur de l’UQAM, le Choeur de l’École Joseph-François-Perrault, le quatuor de solistes et l’Orchestre de la Société philharmonique de Montréal étaient dirigés par le chef et directeur artistique du Choeur de l’UQAM Pascal Côté. L’autre oeuvre au programme était la symphonie en la majeur K201 de Mozart.

L’église était pleine, remplie de gens de tous âges, depuis les jeunes du secondaire jusqu’aux gens qui suivent les activités du choeur depuis des dizaines d’années. Je me suis entretenu avec plusieurs d’entre eux et il est clair que les gens ont adopté le choeur comme une institution qui compte dans leur vie et dans la vie de la communauté.

Le concert cette année a été dédié aux femmes qui ont joué et jouent un rôle de premier plan dans la vie du Choeur de l’UQAM, depuis sa fondation en 1978 et la période de préparation à sa fondation jusqu’à aujourd’hui. Une choriste a fait une belle présentation à ce sujet et donné l’exemple de sa mère et de sa grand-mère, musiciennes qui ont elles aussi contribué au Choeur de l’UQAM.

La symphonie de Mozart, écrite à 17 ans et marquant une évolution vers un style plus vigoureux rythmiquement qui annonce l’avenir, a été dirigée avec caractère et musicalité par l’orchestre et son chef. Pascal Côté a une battue très précise et ses indications  indiquent aussi l’expression à donner. L’ensemble sonnait bien en dépit de problèmes de justesse aux cors.

Interpréter la grande Messe de Mozart est un défi pour n’importe quelle formation, car elle est une symbiose du style contrapuntique auquel Mozart rend hommage et de l’effusion mélodique dont il avait le génie. Mais l’interpréter avec plus de 200 choristes, avec orchestre et solistes, est tout un défi, le premier étant la cohésion. Et la cohésion y était, non seulement la précision mais l’expression propre à chaque section de la messe. Le rôle du chef est important parce que chaque exécutant doit pouvoir savoir à tout moment où il en est pour pouvoir garder le cap. En plus, l’équilibre sonore choeur-orchestre a été bien maintenu, en dépit de la forte supériorité numérique du choeur.

Le Kyrie qui ouvre la messe avait la solennité voulue, la gradation des nuances dans la partie vocale était respectée et la prestation de l’orchestre était nuancée.

Le magnifique Credo a été interprété avec l’enthousiasme et la vitalité rythmique qui sont requis du choeur et de toutes les sections de l’orchestre, les bois en particulier qui sont très festifs.

Le Sanctus avait la puissance nécessaire dans le tutti choral qui l’ouvre et son passage immédiat à un chant plus doux était lui aussi très réussi.

Les sections contrapuntiques comme le Gloria, qui exigent précision et virtuosité, certainement pas faciles à réaliser avec un tel effectif choral, étaient très réussies, d’une grande justesse, et expressives en même temps. La joie et l’enthousiasme qui exultent de ces sections ne peuvent pas être rendues sans la précision et la précision était au rendez-vous.

Les prestations des solistes féminins, la soprano Chantal Parent et la mezzo-soprano Caroline Gélinas, étaient elles aussi très bonnes, avec justesse, expression et virtuosité. On pouvait noter cependant les limites de l’acoustique de cette église : les passages en vocalise et en particulier les trilles étaient difficilement audibles sous le volume sonore de l’orchestre. Les interventions des solistes masculins sont beaucoup plus modestes dans cette messe, qui donne la place d’honneur à la voix soliste féminine, mais on a pu apprécier le beau timbre du ténor Emmanuel Hasler et du baryton Olivier Laquerre.

La soirée a démontré un réel enthousiasme pour la musique de Mozart et les résultats de 45 années de travail pour bâtir un choeur qui produit une qualité hautement professionnelle avec des personnes de toutes provenances et de divers métiers. Cela demande entre autres choses un chef qui a la compétence technique pour assurer la formation musicale des membres et cela requiert aussi un engagement communautaire pour implanter le choeur dans un milieu de vie particulier. Ces deux qualités sont manifestement bien vivantes et elles l’étaient aussi dans cette soirée.

On est inspiré d’entendre les jeunes qui considèrent que la musique classique n’est pas une chose du passé mais un bagage culturel qui fait partie de la vie d’aujourd’hui.

Bravo au Choeur de l’UQAM. Bravo pour cette soirée réussie.

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