Critique de disque | Rebelle: Hommage à Célestine Galli-Marié, Eva Zaïcik

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Rebelle: Hommage à Célestine Galli-Marié

Eva Zaïcik, mezzo-soprano; Orchestre national de Lille dirigé par Pierre Dumoussaud; Ferdinand Poise, Ambroise Thomas, Georges Bizet, Louis Deffès, Jacques Offenbach, Victor Massé, Ernest Guiraud, Émile Paladilhe, Jules Massenet, Albert Grisar, Jules Cohen, compositeurs

Alpha Classics, 2025

En cette année du cent cinquantième anniversaire de la création de Carmen, le Palazzetto Bru Zane, à l’origine de tant de beaux projets de redécouvertes, a eu l’excellente idée de s’intéresser à la créatrice du rôle, Célestine Galli-Marié.

Excellente, car cette interprète légendaire a laissé sa marque non seulement sur l’héroïne d’opéra la plus connue, mais aussi sur plusieurs autres rôles importants, à commencer par la Mignon d’Ambroise Thomas, très jouée jusqu’au milieu du XXe siècle. Elle participe de même à deux des tentatives de Jacques Offenbach de percer dans des œuvres plus sérieuses, Robinson Crusoë en 1867 (Vendredi) et Fantasio en 1872 (rôle-titre).

L’enregistrement réserve près de la moitié de sa durée à ces titres, mais le reste s’avère aussi passionnant. Il permet de découvrir une demi-douzaine de compositeurs inconnus ou oubliés nés entre 1808 et 1844, donc contemporains de Bizet, Berlioz, Gounod ou Massenet, avec qui ils partagent logiquement de nombreuses caractéristiques de style, des manières de traiter la voix et l’orchestre, ayant tous appris leur art Conservatoire de Paris. En les écoutant aujourd’hui, après des décennies d’oubli, on ne peut que s’extasier en constatant combien la musique française du XIXe siècle recèle de trésors enfouis.

On peut s’amuser à découvrir ces compositeurs par ordre décroissant d’obscurité… Dans ce cas, plusieurs commenceront certainement par Jules Cohen, auteur de plusieurs œuvres pour la scène, dont on entend la musique – pourtant charmante – probablement pour la première fois ici.

Charmants aussi, savoureux, voire inspirés sont d’autres airs d’opéra-comique d’Albert Grisar, Louis Deffès ou Ferdinand Poise. Les pièces les plus captivantes nous ont semblé celles d’Ernest Guiraud, grand ami de Bizet, qui se chargea de composer des récitatifs pour Carmen ainsi qu’une suite d’orchestre. La cavatine de son opéra Piccolino donne envie d’en entendre davantage. De même, la « Mandoline de Zanetto » extraite du Passant d’Émile Paladilhe retient l’attention par son orchestration très fine et sa mélodie envoûtante.

Il revient à Eva Zaïcik de chausser les escarpins de Galli-Marié. A-t-elle vraiment une voix comparable à celle de sa devancière, dont on a toujours vanté le dramatisme intense et qui ne craignait pas les sonorités rauques proches du cri ? La jeune mezzo française se distingue au contraire par un timbre crémeux sur toute son étendue, peut-être un rien uniforme. On ne s’en plaindra pourtant pas, tant sa musicalité et son élégance sont grandes et donnent envie de réécouter plusieurs fois ces partitions rares.

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A propos de l'auteur

Passionné d’art lyrique depuis son adolescence, Pascal Blanchet est détenteur d'un doctorat en musicologie de l'Université de Montréal. Une version abrégée de sa thèse a été publiée en France chez Acte Sud (Hervé par lui-même. Écrits du père de l’opérette). Outre son activité de choriste professionnel, il est scénariste pour des émissions jeunesse à la télévision québécoise et pour des spectacles musicaux joués partout au Québec : Opéra-bonbon ou L’aventure gourmande d’Hansel et Gretel et Les origines du bing-bang avec Jeunesses musicales Canada, ainsi que Lionel et Mary avec les Productions Rigoletta.

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