Critique de disque | Flórez : Zarzuela

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Flórez: Zarzuela

José Serrano, Ruperto Chapí, Federico Moreno Torroba, Amadeo Vives, Pablo Luna, compositeurs; Juan Diego Flórez, ténor; Sinfonía por el Perú Youth Orchestra and Choir; Guillermo García Calvo, chef

Florez Records, 2024

La zarzuela, genre lyrique typiquement espagnol, utilise l’alternance du chant avec des dialogues parlés sur des sujets moins dramatiques que l’opéra, ce qui en ferait l’équivalent du Singspiel allemand ou de l’opéra-comique français, mais ces comparaisons ne rendent peut-être pas justice à des œuvres plus complexes qu’il n’y paraît.

Les plus jouées de nos jours ont été écrites entre 1815 et 1930, soit à peu près l’époque du bel canto avec lequel elles entretiennent des liens, mais les origines du genre remontent au XVIIe siècle, peu après la naissance de l’opéra en Italie. Un peu en déclin au milieu du siècle dernier, ces « comédies en musique » connaissent un regain de faveur grâce notamment à Plácido Domingo, fils de deux interprètes de zarzuelas, qui a inclus au concours dont il est le fondateur, Operalia, une épreuve consacrée au genre.

Peu jouées hors des pays de langue espagnole, les zarzuelas ont pourtant de la bien belle musique à nous offrir. En témoignent les nombreux enregistrements offerts par les grands chanteurs d’opéra espagnols ou sud-américains : Alfredo Kraus, José Carreras, Victoria de los Angeles, Teresa Berganza… Dernier en date, le Péruvien Juan Diego Flórez se mesure à son tour à tous ces merveilleux airs pour ténor, pour la plupart langoureux, déclarations d’amour pleines d’exaltation et de tendresse, très flatteuses pour la voix et très joliment orchestrées.

Certains de ces airs incontournables ont été enregistrés par tous les ténors hispanophones, ce qui permet de s’amuser à un petit jeu de comparaison, en allant sur Youtube écouter plusieurs versions, par exemple, de Paxarín, tú que vuelas, extrait de La pícara molinera de Pablo Luna. Face à des chanteurs plus lyriques, comme Kraus ou Carreras, ou carrément dramatiques comme Domingo, Florez fait un peu figure de poids plume, sans toutefois démériter. Même si sa voix s’est étoffée au fil des ans, l’essence de son timbre demeure légère. Il offre donc des interprétations se distinguant par plus de nuances et une certaine fragilité tout à fait en situation dans ces airs amoureux.

On note aussi que pour l’occasion, le ténor péruvien a fondé sa propre maison de disques et fait appel à un excellent orchestre de son pays. Le livret d’accompagnement nous rappelle d’ailleurs que les théâtres de zarzuelas ont toujours prospéré dans la capitale du pays. On écoute et réécoute ces mélodies pittoresques et ensorceleuses, très bien interprétées.

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