This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)
L’évolution de la musique d’Europe occidentale suit une voie assez claire. De Monteverdi à Gluck, de Mozart à Wagner et de Strauss à Schönberg, la domination des compositeurs allemands (et autrichiens) jusqu’à présent semble très logique. Un tout nouveau monde s’ouvre si l’on approfondit la recherche dans la tradition de la musique classique d’Europe de l’Est.
Tandis que l’évolution de la musique occidentale suit un ordre progressif, se développant continuellement et de manière cohérente, la musique du Caucase, particulièrement de l’Arménie, se caractérise par un développement abrupt et incohérent. C’est l’histoire et les antécédents de la région qui sont en cause. Il y a cependant quelques similitudes. La musique religieuse est une pierre angulaire dans les deux cas, la musique profane au Caucase étant presque inexistante.
À partir du 13e siècle, des forces militaires intrusives oppriment l’aristocratie arménienne. Au 15e siècle, la culture chrétienne est supprimée dans toutes les formes d’art. Par conséquent, seuls deux types de musique non islamique survivent : la musique religieuse et la musique folklorique.
Même la tradition orale est souvent influencée par les cultures musulmanes. C’est précisément ce que croyait Vartabed Komitas, l’ethnomusicologue arménien et chef de chœur de l’église, en remarquant que les femmes rurales ont gardé la « vraie musique folklorique » vivante.
Après les invasions musulmanes, la domination russe soulève différents problèmes. Malgré une fondation religieuse commune, les compositeurs doivent combiner les traditions académiques russes avec les couleurs de la musique de leurs origines. Remplis d’énergie et d’idées, les musiciens n’ont aucune progression historique pour les guider. Bien qu’ils aient acquis une certaine liberté d’expression, ils ne possèdent pas de base de connaissances solide. Ils doivent également naviguer dans les restrictions internes et le « multinationalisme » interne du régime soviétique.
Ces compositeurs ont fait un saut incroyable. Ce qui a pris quelques siècles à être développé par les compositeurs occidentaux a été condensé en un siècle et demi pour eux. Seuls 62 ans séparent le premier opéra caucasien, Arshak II, composé en Arménie en 1868, et la création du premier groupe de jazz en 1930. Tous ces nouveaux genres ont coexisté avec la tradition liturgique de l’Église.
Les compositeurs qui ont exercé le plus d’influence sont Hampartsoum Limondjian (créateur de la notation Hampartsoum), Zakaria Paliachvili, Vartabed Komitas, Aleksandre Machavariani, Uzeyir Hajibeyov, Arno Babadjanian, Vano Mouradeli et Aram Khatchatourian.
Le manque d’intérêt pour cette musique peut être attribué à la pénurie de matériel écrit en anglais. Cette musique m’est familière depuis mon enfance, j’ai commencé mes recherches en 2010 et j’ai imaginé le concept de Hidden Treasure. J’ai entrepris trois voyages de recherche en Arménie et dédié la première édition du projet au peuple arménien. Basée sur de nombreux morceaux de musique inconnus, la documentation connexe a donné lieu à une dissertation et un album intitulé Hidden Treasure, mettant en vedette la musique du Caucase.
Traduit par Mélissa Brien
This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)