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CPO4
Il y a de ces compositeurs que j’ai besoin d’entendre régulièrement pour ne pas éprouver de sensation de manque. Ce n’est pas le cas de Mahler, qui est si bien logé dans ma mémoire que je peux me rappeler n’importe quel thème sans effort. Ni de Beethoven, qui est avec moi toute l’année après mon petit déjeuner. Mais c’est certainement le cas de Chostakovitch et de son ami proche, Weinberg, non loin derrière. Si je passe un mois sans les entendre, je ressens un vide.
Weinberg (1919-96), un réfugié juif polonais dans la Russie de Staline, a eu la chance de survivre à la purge de 1948 au cours de laquelle son beau-père fut assassiné. Il écrivit le concerto pour violoncelle en 1956 durant le « dégel » politique suivant la dénonciation de Staline par Khrouchtchev. Il le fit jouer en première par Mstislav Rostropovitch, le plus grand violoncelliste de Russie. C’est une œuvre folklorique remplie de thèmes juifs et dont le second mouvement anticipe Un violon sur le toit. Au cœur de l’antisémitisme soviétique, Weinberg a crié sa judéité.
Le violoncelliste britannique Raphael Wallfisch joue le concerto avec une grande empathie, en symbiose avec l’Orchestre symphonique de Kristiansand dirigé par Łukasz Borowicz. La découverte majeure sur cet album est un concertino pour violoncelle et orchestre que Weinberg a écrit en 1948 et qu’il a dû retirer par crainte de représailles staliniennes. Inédit jusqu’en 2017, c’est une méditation silencieuse sur des airs ouvertement juifs, d’une culture récemment ravagée par Hitler et maintenant persécutée par Staline. Je connais bien le concerto pour violoncelle, mais je suis porté à croire que le concertino frappe plus fort − plus poignant, plus captivant, plus musical. J’adore Weinberg.
NL
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Traduction par Andréanne Venne
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