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Claves3
Il y avait autrefois une émission sur BBC Radio 3 qui s’appelait Mainly for Pleasure (principalement pour le plaisir). Le titre a été modifié lorsque trop de musiciens l’ont appelé « Strictly for Cash » (juste pour l’argent), mais la formule a été abandonnée avec le concept. Nous oublions que la musique existe avant tout pour le plaisir et nous avons tendance à dénigrer les albums et les concerts qui n’aspirent pas à un but plus élevé.
En voici un. Tim Posner, violoncelliste principal de l’Amsterdam Sinfonietta, a choisi trois œuvres pour violoncelle et orchestre pour un disque signature. Deux d’entre elles sont très juives et familières, la troisième l’est moins. Posner apporte à ces trois œuvres de la fraîcheur ainsi qu’une attitude décontractée, bienvenue en ces temps de stress, et un manque de solennité qui est d’autant plus appréciable.
Le Schelomo de Bloch est livré sans la prédication que l’on entend parfois de la part de violoncellistes qui essaient trop de justifier une œuvre qui n’atteint pas le sommet du Cervin. Les thèmes hébraïques de Schelomo ne se prêtent guère à un excès d’historicité. Il suffit d’apprécier la musique pour ce qu’elle est.
Le Kol Nidrei de Bruch est une réécriture pour concert de la prière d’ouverture du jour juif de l’expiation, composée par un protestant allemand qui l’a écrite (comme il l’a dit à son éditeur) uniquement pour l’argent. Posner, une fois de plus, s’abstient de la tentation d’exagérer le sémitisme et interprète ce qu’il lit sur la page avec chaleur et une touche de sensualité.
Ernő Dohnányi, contemporain de Bartók et de Kodály, était coincé dans une ornière brahmsienne lorsqu’il a écrit son Konzertstück pour violoncelle et orchestre en 1904. Il y a des ornières pires que celle de Brahms, même si, au bout d’un certain temps, on se rend compte que Brahms faisait mieux le plus souvent. C’est de la musique pour un bain chaud ou une journée ensoleillée dans un parc. Posner et l’Orchestre symphonique de Berne trouvent la zone du plaisir et jouent à merveille. La chef d’orchestre est la viennoise Katharina Müllner. Il n’y a, dans ce disque, rien pour déplaire.
Traduction par Andréanne Venne
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