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DG2
Les premières mesures de cet enregistrement en concert confirment que ces œuvres appartiennent à l’Orchestre de Philadelphie. L’orchestre entre dans la deuxième symphonie comme un nageur olympique dans une piscine publique : totalement dans son élément, sans crainte du danger ou du défi. Les cordes sont soyeuses, les bois éthérés. Et puis tout s’emballe.
L’Orchestre de Philadelphie s’est intéressé à Rachmaninov dès son arrivée en Amérique en tant que réfugié en 1918 jusqu’à sa mort 25 ans plus tard. Ses directeurs musicaux, Leopold Stokowski et Eugène Ormandy, ont défendu ses œuvres et l’ont invité à les jouer. La troisième symphonie, sa première œuvre importante durant son exil, était une commande de Philadelphie, mal accueillie lors de sa création.
Quel est donc le problème ? L’actuel directeur musical, Yannick Nézet-Séguin, se met en travers de la musique. Dans les longues lignes mélodiques de la symphonie, il procède à des ajustements tatillons, retenant l’orchestre lorsqu’il doit s’élancer, s’immisçant de manière excessive dans une expérience par ailleurs immersive. Le grand air de l’Adagio a à peine le temps de respirer. Les comparaisons sont injustes, mais il n’y a pas de pénurie de chefs d’orchestre qui savent se retenir − Ormandy, Pletnev, Jansons et Svetlanov, pour n’en citer que trois.
Redoutant ce qui pourrait se produire dans la troisième symphonie, qui a moins d’attrait immédiat et a eu raison de certains des meilleurs batteurs de temps, j’ai été ravi d’entendre une interprétation brillante, pleine de conviction et d’énergie. Rachmaninov, qui utilise trop les cuivres après une longue période de sécheresse, a besoin d’être traité avec délicatesse dans cette symphonie − et c’est exactement ce que fait Nézet-Séguin. Le Lento d’ouverture est élégamment phrasé et le finale trop long est compensé par des épisodes solos exquis. L’Orchestre de Philadelphie n’a pas sonné de manière aussi étincelante depuis les années Muti.
L’île des morts, qui n’est pas un endroit joyeux, est également magnifiquement réalisée, sans aucune trace de sentimentalisme. À l’instar des vedettes du sport, on ne peut jamais deviner quand Yannick sera en forme. Son inconstance est suffisamment acceptable pour que vous en redemandiez.
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