L’Hebdo Lebrecht | Rachmaninov : Symphonie no 2 (Chandos/Vox)

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Chandos: ***

Vox: ****

Si vous pensez que la deuxième symphonie de Rachmaninov est facile à jouer, vous auriez dû entendre la bouillie que l’un des meilleurs orchestres de Londres en a faite récemment sous la direction d’un célèbre chef qui l’a jouée toute sa vie. Dans cette symphonie, la frontière est ténue entre le sentiment et la passion, l’assurance et la fanfaronnade, l’explicite et l’allusion.

Deux enregistrements, qui viennent d’arriver, illustrent ces contrastes. John Wilson, à la tête de la meilleure section de cordes de Londres, réussit brillamment les passages de grand fracas, moins bien les confusions sous-jacentes. Rachmaninov, âgé de 33 ans lorsqu’il écrivit la symphonie en 1906-1907, était en train de se refaire une santé en tant que chef d’orchestre en Allemagne, tout en effectuant des tournées dans le monde entier en tant que pianiste. La symphonie est à la fois une expérience de textures à grande échelle et l’expression d’un trouble intérieur et d’un doute de soi. Son succès immédiat, largement fondé sur un grand air lent que les Allemands adoraient, lui a redonné le moral sans pour autant l’établir comme un compositeur majeur de musique symphonique.

Dans l’interprétation de Wilson avec le Sinfonia of London, on entend plus d’hésitation que de clarté. Le grand air s’impose, mais sans l’impact écrasant de chefs d’orchestre antérieurs tels que Stokowski, Ormandy, Previn, Rozhdestvensky et Maazel. Il m’a parfois fait penser à Valery Gergiev par sa perte superficielle de couleur.

En revanche, l’enregistrement rematricé de Leonard Slatkin en 1979 avec l’Orchestre symphonique de St. Louis est exemplaire et remplit toutes les conditions. Le jeune Slatkin, qui a grandi dans le Hollywood des années 1930 où Rachmaninov a vécu, crée une ambiance qui évoque cette époque et ce lieu, à la fois par ses intentions amoureuses et son arrière-plan inquiétant. Je ne pense pas avoir jamais entendu le largo d’ouverture se dérouler plus habilement, laissant entrevoir le chagrin d’amour à venir. L’adagio est un mélange d’émotions. C’est ainsi que l’on interprétait Rachmaninov à l’époque où les hommes portaient des chapeaux et les femmes des gants de soie. Rendez-vous à St. Louis, Louis.

NL

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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