L’hebdo Lebrecht | Nannette Streicher’s Fortepiano (Gramola)

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Je peux à peine pousser mon doigt sur le bouton de lecture. Cet enregistrement nous rapproche le plus possible de Beethoven en termes de son. C’est le son qui remplissait la chambre de Beethoven lorsqu’il composait au moins la moitié des 32 sonates.

Nannette Streicher était son facteur de piano, et bien plus encore. Elle a pris sa commande d’un Hammerflügel en 1812. Une fois qu’il fut installé, Nanette allait et venait chez lui tous les deux jours, disciplinant ses domestiques, l’aidant à tenir ses comptes et faisant généralement de son mieux pour permettre au plus impuissant des hommes de surmonter ses difficultés quotidiennes. Les gens ont commencé à faire des commérages sur leur intimité, mais les 60 lettres qui subsistent et les carnets de conversation de Beethoven ne montrent rien d’autre qu’un lien humain respectable qui était important pour eux deux. Beethoven est pris en charge et Nanette apprend à améliorer ses pianos en fonction de la musique exigeante qu’il écrit.

Beethoven, bien qu’il ait fait confiance à Nanette, a acheté son prochain piano ailleurs. Nanette, malgré la rebuffade, est restée la plus fidèle de ses amis.

Ainsi, entendre un instrument que Nannette a fabriqué en 1813, au tout début de leur relation, est un plaisir qui fait trembler mes doigts. Le modèle joué ici a moisi pendant des décennies dans un entrepôt jusqu’à ce qu’il soit restauré par le Kunsthistorisches Museum de Vienne. Seuls deux autres instruments Streicher de ce type ont survécu. On peut pratiquement entendre les doigts de Beethoven sur les touches.

La musique interprétée ici par Ines Schüttengruber n’est pas de premier ordre. Une Fantaisie en sol mineur de Beethoven (pourquoi pas le Hammerklavier ?), d’une durée de dix minutes, mérite à peine dix minutes d’attention. Une Fantaisie de Schubert datant de 1811 est loin d’être mature. Les œuvres de Hummel, Moscheles et Vorisek montrent à quel point Beethoven était en avance sur son temps et que ses contemporains n’ont pas fait grand-chose pour faire tomber les barrières.

Le clou du spectacle est cependant une paire de marches composées par nulle autre que Nannette Streicher − des pièces triviales écrites pour un accordeur de piano ou peut-être un élève enfant, mais qui révèlent néanmoins une assurance et une force de caractère qui ont plu à Beethoven et lui ont permis de se sentir moins seul au monde pendant ses années de surdité et de douleur.

Beethoven meurt en 1827. Nannette lui survit pendant six ans. Cet enregistrement est un souvenir de son caractère indispensable pour le grand compositeur, de son rôle dans la création des plus grandes œuvres pour piano de l’ère classique.

NL

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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