This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)
-
Capriccio3
Miklós Rózsa m’a fait part autour d’un thé dans les années 1980 − peu de temps après une attaque cérébrale − de son léger regret que sa musique de concert n’ait jamais atteint l’attrait de ses musiques de film pour Le Livre de la jungle, Ben Hur et Jules César. J’ai entendu de nombreux compositeurs de musique de film exprimer la même déception, mais jamais avec autant de mélancolie que Rózsa, qui estimait égale la qualité de sa musique dans les deux genres et ne se préoccupait pas de la postérité. Il est mort en 1995, à l’âge de 88 ans.
Les concertos qu’il a écrits pour Jascha Heifetz et János Starker étaient très admirés à l’époque et une œuvre de Rózsa − Thème, Variations et Finale − figurait dans les spectaculaires débuts de Leonard Bernstein en 1943 avec l’Orchestre philharmonique de New York. Des chefs d’orchestre aussi différents que Bruno Walter, István Kertész, Karl Böhm, Georg Solti et André Previn l’ont pris au sérieux comme compositeur.
Né à Budapest de parents juifs, ayant un oncle qui jouait dans l’orchestre de l’opéra, Rózsa étudie dans la ville conservatrice de Leipzig et découvre la musique de film à Paris et à Londres avant d’émigrer en 1939 à Hollywood, où il remportera non moins de seize Oscars.
Les œuvres de cet album sont toujours agréables, même si elles ne sont pas uniformément de premier ordre. L’Ouverture d’un concert symphonique (1957) est un numéro d’échauffement plutôt joyeux. La Sérénade hongroise (1932/46) est une confection stylisée d’airs magyars.
Tripartita (1971) est beaucoup plus substantielle, bourdonnante de rythmes croisés et d’anxiété nerveuse, rappelant en partie Bartók, mais plus encore le jeune Lutosławski, ce qui place Rózsa dans l’élite de la musique moderne. Tripartita est peut-être la partition la plus sophistiquée que j’aie entendue de Rózsa. Elle dure 23 minutes, une durée peu pratique pour les programmes de concert, mais elle comble un vide dans les plaines hongroises de l’après-Bartók et il faut vraiment lui donner une chance de temps en temps. Cette interprétation par la Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz, sous la direction de Gregor Bühl, est admirable et convaincante.
This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)