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Chandos4
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Signum5
Ces deux doubles albums m’ont laissé perplexe. Ravel est un miniaturiste, un fabricant de petits délices qui coulent dans votre esprit comme l’huile d’olive dans un bol de riz. Chaque goutte est un objet à part entière. Si vous en versez librement l’unicité se dissout. Que ces deux projets parviennent à éviter en grande partie ce danger en dit long sur leur qualité.
Jean-Efflam Bavouzet suit un parcours chronologique, commençant par une Sérénade grotesque écrite en 1892 alors que Ravel avait 17 ans et se terminant par une caricature monstrueusement morbide de Vienne avec La Valse (que l’on entend plus souvent dans sa version orchestrale). D’un morceau à l’autre, on se demande qui veut vraiment entendre les œuvres juvéniles du compositeur. Mais avant que le scepticisme s’installe, Bavouzet nous plonge dans le monde limpide de Jeux d’eaux, et tout s’emboîte. Le Tombeau de Couperin est particulièrement évocateur et on ne peut que s’éblouir devant un hommage méconnu à Haydn.
L’album de mélodies a été composé par le pianiste Malcolm Martineau avec une panoplie de chanteurs britanniques qui laissera bouche bée les gérants d’artistes parisiens. Nicky Spence et Simon Keenlyside se distinguent aux côtés des sopranos Lorna Anderson et Sarah Dufresne.
La prolifération des voix – trop nombreuses pour être énumérées – nous épargne l’homogénéité, tout comme la délicate variation des couleurs mélodiques de Martineau. Si je devais choisir mes favoris immédiatement, ce serait le Kaddish de Keenlyside et l’ensemble magnifiquement varié des Chants populaires. Mais je me limite à deux pièces par jour, par pur plaisir. À ce rythme, je pourrai passer l’année Ravel sans avoir à accorder une minute de plus à l’anniversaire de Pierre Boulez.
Traduction : A. Venne
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