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Ondine4
Il n’y a pas si longtemps, György Ligeti et Witold
étaient les deux porte-drapeaux du modernisme convivial dans les salles de concert occidentales, à tel point que beaucoup rentraient chez eux convaincus que l’avenir de la musique se situait quelque part le long d’un fil de plomb allant de la Baltique aux Balkans.Cette prophétie est peut-être toujours d’actualité, mais le mystère réside dans le sort réservé à Lutosławski. Alors que son contemporain hongrois est largement joué, le Polonais a étrangement régressé, déclassé par ses compatriotes Penderecki et Górecki. Quand avez-vous entendu pour la dernière fois l’irrésistible troisième symphonie de Lutosławski ou le concerto pour orchestre qui l’a fait connaître dès sa première audition en 1954 ?
L’interprétation du concerto par l’Orchestre symphonique de la radio finlandaise est la plus captivante à paraître depuis des années. Ce spectacle instrumental, composé d’airs folkloriques, comme il était obligatoire dans la société stalinienne tardive, est, en tout état de cause, plus captivant que l’œuvre emblématique de Bartók. L’œuvre exige un orchestre de solistes intrépides, et c’est ce que vous trouverez à Helsinki. Le chef d’orchestre, Nicholas Collon, adhérant aux tendances « woke », fait jouer les orchestres anglais debout et sans partition devant eux. Les Finlandais ne tolèrent pas ce genre d’absurdité. C’est de la musique pure et dure, sans prise d’otage à la baguette. Ramenez-nous Luto en 2024, voilà mon souhait.
La Partita a été écrite 35 ans plus tard pour Pinchas Zukerman avec accompagnement au piano, puis orchestrée au profit d’Anne-Sophie Mutter. Elle a tellement de points communs avec la troisième symphonie qu’on se demande pourquoi elle a besoin d’un violon solo grinçant au-dessus de la portée. Mais le dialogue entre l’individu et la société apparaît rapidement et, s’il n’y a pas de vrai vainqueur, le totalitarisme que Lutosławski a enduré est de toute évidence le grand perdant. Christian Tetzlaff est ici un splendide soliste.
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