L’Hebdo Lebrecht | Interprétations actuelles et lyriques des œuvres pour violoncelle de Britten et Chostakovitch

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Le deuxième concerto pour violoncelle de Dimitri Chostakovitch n’a jamais égalé le premier en termes d’attrait pour le public ou d’appréciation des solistes. Joué pour la première fois lors d’un concert du soixantième anniversaire du compositeur, au cours duquel il a été proclamé héros du travail socialiste, le concerto est ambivalent à la fois dans sa signification et dans son équilibre entre le soliste et l’orchestre. Il y a des passages où le violoncelle est laissé à lui-même pour retrouver le chemin du bercail, tandis qu’un immense orchestre reste inactif. Il s’agit peut-être d’une métaphore du travail socialiste.

Mstislav Rostropovitch, pour qui l’œuvre a été écrite, a massacré son premier enregistrement et l’œuvre ne s’en est pour ainsi dire jamais remise. Chaque page exige l’engagement du soliste, mais à quoi ? On trouve des renvois au premier concerto, qui a connu un grand succès, et des insertions en notation allemande des initiales du compositeur, DSCH, comme pour dire qu’il s’agit de lui, de ses tourments et d’autres choses qu’il ne peut mentionner.

Sheku Kanneh-Mason surmonte ces problèmes avec ce qu’on pourrait décrire comme de la délectation. Son amour de la musique est manifeste et son élan permet à l’auditeur de faire abstraction des bruits extérieurs pour se contenter d’écouter un grand compositeur au sommet de son art. Le Sinfonia of London de John Wilson offre un accompagnement de précision, faisant preuve de retenue lorsque l’œuvre devient mélancolique dans son finale, pour conclure avec une flambée d’explosions contrôlées. Je crois que j’aime ce concerto encore plus qu’auparavant.

Avec sa sœur Isata, Sheku propose des interprétations actuelles et lyriques de sonates pour violoncelle de Britten et Chostakovitch. Le premier sonne moins convenu qu’à l’habitude et le second rumine avec douceur dans une prairie de mélodies folkloriques. Si cela ressemble à un récit sans histoire, ce n’est pas le cas. L’album est cohérent dans ses composantes et convaincant dans sa musicalité. Il ne manque que le contexte. Ces œuvres ont été conçues dans l’éprouvette d’une expérience sociale catastrophique. Ce fond historique mériterait d’être entendu, ne serait-ce que dans une note de pochette.


Traduction : A. Venne

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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