L’Hebdo Lebrecht | Grazyna Bacewicz : Piano concertos (Ondine)

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Existe-t-il une compositrice plus insaisissable que Grażyna Bacewicz (1909-1969) à travers tout le 20e siècle ?

Bacewicz est généralement désignée comme une compositrice polonaise, mais son père lituanien a quitté la famille après que son État a gagné l’indépendance en 1918. Son frère, Vytautus Bacevičius, était compositeur à New York. Grażyna, qui a décroché un emploi bien rémunéré de premier violon de l’orchestre de la radio nationale, a alors fait la navette entre Varsovie et Lodz. Elle était donc polonaise par circonstance, mais aussi par mariage et famille. Mais sa sonorité ne s’inscrit pas dans la tapisserie polonaise de Szymanowski, Lutoslawski, Panufnik et Penderecki. Elle est une étrangère, et non pas en raison de son sexe. Bacewicz se tient à l’écart.

Sous les horreurs de l’occupation nazie, elle a continué à composer alors qu’elle n’avait aucune chance d’être jouée. Un orchestre de 1943 ridiculement enjoué a été créé en septembre 1945. Que pouvait-elle bien avoir en tête : l’espoir ou la moquerie ? Les yeux bandés, on pourrait confondre cette œuvre avec une frivolité d’Arthur Bliss ou de l’un des Six. La vraie Grażyna Bacewicz ne s’affichera pas.

Un premier concerto pour piano de 1949, écrit selon les règles staliniennes du « réalisme socialiste », oscille entre des fragments de Bartók et de Stravinski, sans pour autant s’enraciner dans l’un ou l’autre. Bacewicz garde ses intentions volontairement obscures. Un concerto pour deux pianos écrit en 1966, dans un climat un peu plus serein, trahit une certaine affinité avec le modernisme contemporain, mais au moment où l’on pense qu’elle brandit des nuées de tonalités et une rangée sérielle, elle revient à la forme et aux harmonies tonales.

L’énergie de Bacewicz est immense, mais je ne suis pas sûr qu’aucun interprète n’ait encore réussi à cerner son caractère. Peter Jablonski est le pianiste éblouissant de ce disque. Nicholas Collon dirige l’orchestre de la radio finlandaise avec trop d’extrêmes dynamiques. J’ai toujours envie d’aimer davantage Bacewicz, mais j’ai du mal à comprendre qu’une compositrice qui a vécu en Pologne à l’époque la plus noire de l’histoire garde secrète l’intégralité de son expérience. Comment est-ce possible ?

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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