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Pentatone2
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First Hand Records4
Il n’est pas fréquent d’avoir l’occasion de comparer deux compositeurs frère et sœur. En fait, à part les Mendelssohn, il n’y a que Mozart et sa malheureuse sœur Nannerl. Dans la famille Mendelssohn, Fanny a été la première à faire preuve de talent, avant d’être réduite au silence par son père lorsque le jeune Felix a fait preuve d’un génie juvénile que beaucoup ont comparé à celui de Mozart. Fanny est partie, s’est mariée, a pris soin de sa famille et a choqué Félix en reprenant la composition à la trentaine.
Les œuvres sur ces deux albums sont disparates en termes de tonalité et d’intention. Les psaumes de Felix, chantés par le Chœur de la Radio de Leipzig sous la direction de Philipp Ahmann, sont des déclamations publiques pour le culte divin. Formels et faciles à chanter, ils souffrent de la retenue que ressent une personne pieuse lorsqu’elle s’adresse au Créateur. Mendelssohn cherche à impressionner la bourgeoisie adoratrice et y parvient plus ou moins. Mais nulle part, dans cette compilation, ne sent-on l’étincelle d’un Félix enflammé.
Les mélodies de Fanny sont écrites pour elle-même et pour le salon. La plupart d’entre elles n’ont été révélées que récemment. La moitié des airs présentés ici sont des premiers enregistrements. Sans avoir besoin d’imposer ou d’impressionner, les mélodies de Fanny ont une patine délicate, parfois introspective, toujours d’une expressivité insistante. Cinq d’entre elles sont intitulées Sehnsucht (« désir »), expression évidente d’espoirs refoulés, soient-ils romantiques ou professionnels.
Trois chanteurs anglais – le ténor Tim Parker-Langston et les mezzos Stephanie Wake-Edwards et Jennifer Parker – les ont enregistrés au début de l’année dans la Maison Mendelssohn de Leipzig, sur ce qui ressemble à un piano d’époque. Le chant est admirable, l’ambiance exceptionnelle. Mon seul reproche est que la compositrice est désignée sur la pochette par son nom de femme mariée « Fanny Hensel », plutôt que Mendelssohn, ou Mendelssohn-Hensel. Fanny, d’un caractère beaucoup plus fort que son frère, commençait tout juste à éprouver la satisfaction de voir ses premières œuvres imprimées lorsqu’elle mourut d’une attaque cérébrale, à l’âge de 42 ans. Felix, inconsolable, la rejointe l’année suivante (je parle plus en détail de leur relation inhabituelle dans mon livre Genius and Anxiety).
Evaluation : **/****
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