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Pentatone4
Il y a une ligne d’élégance qui traverse la musique vocale française, de Debussy à Messiaen en passant par Boulez, et qui exclut tout le reste. À l’écoute, on dirait qu’il n’y a pas d’autre chanson française – pas de Ravel, pas de Poulenc, pas de Brel – rien que cet espace éthéré dans lequel chaque consonne est distribuée avec une précision esthétique, comme des framboises dans une pâtisserie, ou des boules de glace sur la place du marché. Chanter dans ce genre peut sembler présomptueux. Ce n’est pas le cas dans cet album.
Magdalena Kožená parle le tchèque comme langue maternelle et l’anglais et l’allemand à la maison. Si son français de récital est impeccable, elle apporte aux Chansons de Bilitis de Debussy une touche inattendue de Janáček – cette inimitable zone obscure entre le chant et la parole qui transforme une chanson en un dialogue qu’on pourrait entendre dans un train de banlieue. Elle est particulièrement efficace dans deux séries de poèmes de Baudelaire et Verlaine, bavards, intimes et plus qu’un peu douteux.
Les Poèmes pour Mi de Messiaen sont chastes, pleins de sainteté et plutôt gris en termes de couleurs tonales. Ils ont été écrits pour sa première femme au milieu des années 1930, à l’époque de leur mariage. Kožená sonne comme une vierge, libérée de toute pensée impure. Le jeu de Mitsuko Uchida, orné comme une robe de mariée, promet la félicité au bout de l’écrin de verdure. L’intuition mutuelle est immaculée. À aucun moment on ne peut dire qui, de la pianiste ou de la chanteuse, anticipe l’autre. C’est la communion parfaite.
Couverture des concours
- CMIM Voix 2025 du 25 mai au 6 juin
- Cliburn 2025 : articles, reportages et vidéos
Traduction : A. Venne
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