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DG5
L’artiste irlandais le plus influent de l’histoire de la musique n’est pas Bob Geldof, Bono, Sinead O’Connor ou les Dubliners – tous aussi populaires que la grippe –, mais plutôt un obscur vendeur de pianos qui a éveillé un sous-continent à son potentiel créatif.
John Field est né à Dublin en 1782 de parents anglicans qui l’ont emmené à Londres travailler pour Muzio Clementi, partenaire d’édition de Beethoven et marchand de pianos. En tant que représentant du riche Clementi, Field a voyagé à Paris et à Vienne avant de s’installer à Saint-Pétersbourg, où il a été mis à l’honneur par la toute nouvelle Société philharmonique. Field a donné trois leçons de piano à Mikhail Glinka, lequel est devenu le premier compositeur russe à succès.
Entre-temps, à Londres, Clementi publiait les œuvres de Field, parmi lesquelles une série de « nocturnes », c’est-à-dire d’états d’âme noctivagues. Chopin s’appropriera plus tard le genre. Field, un peu alcoolique, mourut à Moscou à l’âge de 54 ans et fut complètement oublié.
La pianiste germano-japonaise Alice Sara Ott a découvert sa musique durant le confinement de la COVID, alors qu’elle cherchait de la musique qui refléterait son état plutôt sombre du moment. L’approche d’Ott à l’égard des nocturnes est indubitablement tributaire de Chopin et ce n’est pas une mauvaise chose. La main droite s’envole vers la lune tandis que la main gauche pianote une mélodie accrocheuse.
L’album compte 18 nocturnes. Le deuxième, en do mineur, est le plus manifestement chopinien. Je suis attiré par le cinquième en si bémol majeur, lyrique, avec un brin de regrets. Le jeu d’Ott est captivant, même quand la musique devient nuageuse. N’écoutez pas l’ensemble d’un seul coup ou vous risquez de ne pas vous endormir. Deux ou trois morceaux vous donneront du regain. C’est un coffret de choix. J’ai entendu dire que c’était l’album le plus écouté de DG à l’heure actuelle.
Traduction : A. Venne
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