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À quoi sert un centenaire s’il ne rétablit pas une réputation ? Cent ans se sont écoulés depuis la mort du Germano-Italien Busoni à Berlin et, bien que nous ayons entendu son énorme Concerto pour piano dans les salles de concert en 1924, rien d’autre ne s’est produit pour changer la perception générale selon laquelle Busoni était un formidable pianiste avec de grandes idées qui ne se traduisaient pas nécessairement par une musique d’une valeur durable.
Deux enregistrements d’œuvres pour piano renforcent cette image. Le pianiste allemand Wolf Harden a atteint le volume 13 dans sa quête de l’intégrale des œuvres chez Naxos. Bien qu’impressionné par sa persévérance et son dévouement, je trouve peu d’originalité et d’étonnement dans cette sélection au rythme monocorde. À un moment donné, je suis enclin à souscrire à l’observation cynique selon laquelle Busoni n’est à son meilleur que lorsqu’il enjolive des œuvres de Bach et de Beethoven.
L’album pour piano de Chandos, interprété par Peter Donohoe et Karl Lutchmayer, deux admirateurs de Busoni, offre une plus grande variété. La liste des morceaux s’ouvre sur la célèbre Toccata et Fugue de Bach que Vladimir Horowitz avait l’habitude de jouer en rappel. Elle propose ensuite d’autres fugues et variations, dont l’une sur un thème de Chopin, curieuse à défaut d’être captivante. La grande explosion ici est la Fantasia contrappuntistica sur un choral de Bach, réduite à quatre mains et assez bruyante pour briser un service à thé de Meissen. Révisée à la fin de la vie de Busoni, elle fait fortement allusion aux atonalités du Berlin des années 1920.
Naxos a également publié une recréation florentine de l’opéra de Busoni, le Docteur Faust. Il s’agit d’une entreprise magistrale, pleine de musique orchestrale intrigante et d’arias déclamatoires. Je l’ai vu deux fois sur scène, plus ennuyé qu’émerveillé. Le disque me permet de sauter les longs récitatifs allemands.
Busoni est une figure emblématique de l’évolution musicale et intellectuelle de l’Europe centrale, le seul soliste de concert que Gustav Mahler respectait. Le meilleur de lui-même se trouve dans le Concerto pour piano et dans la Berceuse que Mahler a dirigés à New York lors de ce qui devait être son dernier concert. À la fin de son année centenaire, Busoni vit encore, plus grand que sa musique.
A. Venne
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