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2024 a été une année monotone pour les grandes maisons de disques et une année instable pour les petites. Quatre maisons indépendantes se sont vendues – Hyperion à Universal, Bis à Apple, Chandos à Klaus Heymann, Divine Art à Rosebrook – ce qui constitue le plus grand bouleversement depuis des décennies, et nous amène à nous demander dans quelle mesure leur individualité obstinée pourra survivre dans la décennie à venir.
Quand je choisis l’album de l’année, je cherche des projets qui définissent l’époque et qui passeront l’épreuve du temps. L’enregistrement par Janine Jansens des concertos de Sibelius et du premier Prokofiev chez Decca est l’un de ceux qui soutiennent la comparaison avec les légendes. La musique pour piano de Mozart par Yundi Li chez Warner en est un autre – un ensemble d’interprétations uniques et inégalables.
Les concerts de Klaus Tennstedt diffusés par Doremi sont indispensables aux aficionados de chef d’orchestre. Les Symphonies no 7 et no 8 de Dvořák par Semyon Bychkov avec la Philharmonie tchèque sont organiques et en aucun cas végétariennes. Les comptes d’adieu de Mark Elder à Manchester des deux symphonies d’Elgar sur la propre étiquette de la Halle sont également historiques.
Mais le disque de l’année le plus marquant pour moi est celui du violoniste Gidon Kremer, qui interprète la musique de sa vie sur un album ECM intitulé Songs of Fate. Kremer, 76 ans, mélange les compositeurs baltes avec le polonais soviétique Mieczysław Weinberg, jetant un pont entre les souvenirs du contrôle des esprits sous le régime soviétique et les bruissements de l’indépendance aux abords d’une mer gelée.
J’ai écrit à propos de Songs of Fate en février 2024 : « L’engagement de Kremer à jouer du violon à l’âge de 76 ans, alors que la plupart de ses collègues se sont tournés depuis longtemps vers la direction d’orchestre, montre à quel point il considère l’instrument comme sa voix personnelle. Au fil des décennies, son timbre s’est adouci, passant d’une précision digne des outils moscovites à une chaleur ronde et enveloppante. Ce disque austère et exaltant est empreint d’humanité et d’idéalisme. Je ne pense pas avoir déjà recommandé un nouveau disque comme étant essentiel. Celui-ci l’est. »
Oh oui, il l’est.
Traduction par A. Venne
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