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Représentation5
Schubert: Sonatas D959, D960 (DG)
Certains disques capturent notre attention immédiatement, d’autres prennent plus de temps à impressionner. Je n’entends d’aucune façon discréditer Krystian Zimerman en disant qu’il m’a fallu trois écoutes avant de comprendre l’originalité de son premier enregistrement de l’œuvre tardive de Schubert. Au contraire, le cœur de la musique qui se révèle couche après couche d’une manière qui donne envie d’écouter encore et encore est un signe de la réflexion de Zimerman.
Gagnant du concours Chopin de 1975, le pianiste polonais a joué ces pièces pendant la moitié de sa vie avant de se sentir prêt à les enregistrer. Tout pianiste qui le fait est confronté à des prédécesseurs intimidants : Artur Schnabel, Sviatoslav Richter, Rudolf Serkin, Alfred Brendel, Maurizio Pollini. Rien de ce que fait Zimerman ne laisse croire qu’il en ait entendu parler.
Son ouverture dans l’avant-dernière sonate est directe, énergique, une déclaration de la vigueur physique de Schubert dans l’ultime année de sa vie, jusqu’à sa dernière maladie. Il n’y a pas non plus d’apitoiement sur soi dans le l’andantino contemplatif; pour Zimerman, c’est un homme qui essaie lentement de sortir d’un labyrinthe musical, émergeant dans la lumière la plus douce.
La sonate finale souligne ce sentiment d’incompréhension du compositeur face à son univers, sa frustration face à son incapacité de comprendre l’inexplicable. Une fois de plus, il n’y a rien de morbide dans l’andante, juste un soupir sur l’insaisissabilité de tout cela. Comme toujours, une nouvelle mélodie apparaît. C’est une musicalité incomparable de la part de Zimerman, en trois dimensions, sans cesse connectée. La musique aurait pu être écrite avant-hier.
NL
Traduit par Mélissa Brien
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