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Bis4
Après les terrifiantes atonalités du Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima, son œuvre révolutionnaire, Penderecki consterna à la fois l’avant-garde occidentale et l’État polonais athée en écrivant un oratorio d’église ouvertement dévotionnel. Créé pour le 700e anniversaire de la cathédrale de Münster en Allemagne de l’Ouest en mars 1966, il a été accueilli avec un malaise variable et des critiques polies.
En le présentant comme « un hommage à J.-S. Bach », le compositeur n’a fait qu’accroître la confusion. Penderecki était catholique, Bach luthérien. Et à aucun moment durant l’heure de dissonances modernistes et de cris ne peut-on discerner clairement l’esprit régulier et respectueux de Bach. Entendue de nouveau après des décennies d’intervalle, l’œuvre a gagné en intégrité. L’emploi de l’atonalité sert à énerver et bousculer les auditeurs : le compositeur ne les laissera pas en paix. Il épuise pratiquement le langage atonal avant la fin de l’œuvre. Les derniers passages sont consacrés au chant grégorien et aux airs de cérémonies d’église. Si la paix advient, elle viendra de Dieu et non d’un compositeur mortel. Après cette œuvre, Pendrecki n’a appartenu à aucun style ou mouvement musical à part le sien. Cet enregistrement du concert d’ouverture du Festival de Salzbourg 2018 par Kent Nagano, son Orchestre symphonique de Montréal et deux chorales polonaises est un hommage opportun à un compositeur qui a trouvé sa voix par à-coups. On y trouve réunis la dignité d’une œuvre de dévotion et le drame de la plus grande histoire jamais racontée. On n’entendra plus rien de tel dans les prochaines années, pour des raisons que personne n’avait prévues. À garder sur votre étagère pour vous rappeler comment le monde sonnait avant qu’il soit restreint par la Covid-19.
NL
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