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Nous abordions, la semaine dernière, Mozart en format réduit pour quatre instruments. Comme un malheur ne vient jamais seul… voici une série inédite d’enregistrements de trois symphonies de Haydn transcrites pour piano solo. Qu’est-ce que l’avenir peut encore nous réserver, Wagner à la mandoline ?
Deux choses ici sauvent la mise. D’abord, la transcription de Carl David Stegmann (1751-1826), habile et ingénieuse, ouvre l’oreille à des hauteurs jamais vraiment envisagées par le compositeur. Ensuite, l’interprétation du pianiste serbo-américain Ivan Ilić présente une touche de gaieté, d’espièglerie même, qui nous encourage à ne pas prendre la musique classique aussi sérieusement qu’elle s’affiche.
Quel est le résultat ? Si j’avais écouté à l’aveugle l’Oxford Symphony au piano solo, j’aurais cru qu’il s’agissait d’une des premières sonates de Beethoven, quelque part entre les opus 2 et 10. Correcte d’un point de vue classique, la musique ne cesse pourtant de tester les limites du genre. Il n’est pas ici question d’effets radicaux comme des variations de tonalités ou des cordes rebelles, mais on nous donne l’impression qu’il peut y avoir plusieurs moyens de traduire un mouvement d’ouverture (ce que Boris Johnson devra apprendre au plus tôt). Une ligne en apparence traditionnelle dans l’orchestration de Haydn s’habille d’un petit point d’interrogation dans la partition pour piano inusitée de Stegmann.
Il n’est pas étonnant d’apprendre dans l’excellent livret qui accompagne cette parution que Stegmann a vécu les quinze dernières années de sa vie à Bonn, ville natale de Beethoven, au service de Nikolaus Simrock, fondateur de la maison d’édition du même nom et fervent amateur des partitions de Beethoven. En tout, Stegmann a réalisé 25 transcriptions de Haydn que Simrock présentait aux acheteurs comme étant « faciles à jouer ». Si l’Oxford est ma préférée des trois ici présentées, il y a néanmoins beaucoup de matière à tendre l’oreille dans les symphonies 44 et 75. Rappelons que Haydn a inventé la sonate classique et la symphonie à quatre mouvements. Sans lui, Mozart et Beethoven auraient eu du mal à trouver leur expression.
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