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Decca4
Le monument symphonique Asrael, écrit en mémoire de la femme du compositeur, Otilie, et de son beau-père Antonin Dvořák, incarne pour les musiciens tchèques ce que le Requiem de Verdi représente pour les Italiens : un concentré de deuils et d’espoirs nationaux. Contrairement au Requiem, Asrael ne s’est jamais fait remarquer en dehors de son foyer de création. Ses meilleurs interprètes ont toujours été tchèques – Talich, Ančerl, Kubelík, Pešek et maintenant Jiri Bělohlávek. Pour le dernier interprète, l’héritage devait peser particulièrement lourd dans la mesure où il était atteint d’une maladie mortelle et qu’il savait que cet enregistrement serait son ultime contribution musicale.
N’ayant jamais été un chef flamboyant, Jiří Bělohlávek opte pour de grands contrastes dynamiques dans le mouvement d’ouverture, poussant l’Orchestre philharmonique tchèque aux limites de sa zone de confort. Le troisième mouvement, Vivace, sonne plus mahlérien que jamais (Mahler a-t-il toujours mieux dansé en tchèque ?). Et les deux finales en adagio plongent profondément dans l’âme humaine pour trouver une consolation aux grandes pertes.
Il y a de la splendeur dans cette musique et dans cette approche. Je ne voudrais pas placer cette version au-dessus des quatre que j’ai déjà recommandées, car chacune apporte une dimension contemporaine à l’œuvre, représentative du peuple tchèque sous le régime nazi, le communisme, le libéralisme ainsi que la corruption et la confusion actuelles. Avec Bělohlávek, l’angle personnel est manifeste. Comme le compositeur, il trouve le moyen de se plier à l’implacabilité du destin, sans égard à la situation politique. Le disque d’accompagnement contient le plus ensoleillé Conte de fée de Suk.
Traduction : Andréanne Venne
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