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À première écoute, ces trois concertos pour violon de 1790 ressemblent à ceux de Haydn. On pourrait même croire que le second d’entre eux est de Mozart, si nous ne savions que Mozart n’a écrit que cinq concertos et que ceux-ci sont numérotés de 13 à 15. Qui était donc ce Giornovichi pour écrire de si belle manière, et pourquoi n’avons-nous jamais entendu cette musique auparavant (il s’agit, en effet, d’une première mondiale) ? Giornovichi était, entre autres choses, bien connecté.
Croate d’origine, dont le nom peut être mal orthographié d’au moins trente façons différentes, il a été élevé à Palerme, mais est devenu citoyen français parce que c’est ce qu’il fallait être. En 1791, il faisait partie des musiciens qui ont accueilli Joseph Haydn à Londres et qui ont joué dans son orchestre. Cela a dû sembler être une bonne occasion de composer de la musique qui sonnait comme du Haydn, et Giornovichi ne manquait pas d’éditeurs – Longman, Clementi et Dussek, entre autres. Les critiques indiquent que Giornovichi n’a pas été pris très au sérieux par le public cultivé de l’époque et il est parti s’installer à Saint-Pétersbourg, où il est décédé en 1804, à l’âge de 57 ans.
Les concertos débutent de manière mélodique, variée et enjouée, perdant un peu de leur allant lorsque la reprise apparaît et que Giornovichi n’a plus rien à ajouter. Ses mouvements du milieu sont plus amoroso qu’adagio et le cerveau critique ne sera pas toujours très intéressé par la manière dont cela va se terminer. Giornovichi est néanmoins, presque autant que Haydn, tout à fait séduisant. Le genre de musique que Classic FM pourrait jouer toute la nuit.
Le violoniste baroque Bojan Čičić y donne son meilleur et l’Illyria Consort se présente comme un très bon groupe. Assez consistant pour un quiz dînatoire : je parie qu’ils penseront tous que c’est du Haydn.
Traduction : Andréanne Venne
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