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Un dilemme de critique. Le violoncelliste Steven Isserlis est un copain. Il vit au coin de la rue et nous nous saluons lorsque nous nous croisons dans le quartier. Il sait que j’ai reçu sa dernière version pour examen. Il sera déçu si je l’ignore et grincheux si j’y trouve des fautes. Critique ou pas critique ?
Si je ne voulais pas faire de critique sur mes amis, je devrais éliminer la moitié des enregistrements. De même, si je mentionnais une amitié chaque fois que j’écrivais une critique, les lecteurs passeraient à un autre appel. Alors que faire?
Il y a quelques temps, j’ai pris la résolution de ne revoir les œuvres d’amis que si elles représentaient un pas au-delà des réalisations passées. Ayant connu Steven pendant environ la moitié de ma vie, je peux dire la main sur le cœur que ce modeste récital de violoncelle avec Denes Varjon le conduit sur un nouveau territoire.
À la fois dans la Sonate en sol mineur de Chopin et dans l’Introduction et polonaise brillante en ut majeur, il se révèle très doux, jouant ses traits avec un grand sourire, comme le gazouillis d’un rêve particulièrement heureux. La facilité de son engagement est contagieuse. On y retrouve un joli nocturne romantique de l’obscur Franchomme et une lecture irrésistible de la sonate de Schubert. Si le Chopin manque de mélancolie polonaise, ça ne me dérange pas du tout. Ce sont deux excellents musiciens jouant au pic de leurs capacités, pour leur plaisir et pour le nôtre, bannissant une heure durant toute forme de stress.
Par ailleurs, Denes sort un récital de nocturnes ce mois-ci chez ECM avec de ravissantes Fantasiestücke du compositeur préféré de Steven. Ne manquez pas ça non plus.
Traduit par Benjamin Goron
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