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Stravinski : Chant funèbre, Feu d’artifice, Scherzo fantastique, Le Faune et la bergère, Le Sacre du printemps
Orchestre du festival de Lucerne. Riccardo Chailly, chef d’orchestre. Sophie Koch, mezzo. Decca 028948325627. Durée : 70 min 35 s
Ce premier enregistrement d’un Stravinski perdu a une histoire fabuleuse. En 1908, le jeune Igor, inconnu et dans la mi-vingtaine, écrit une ode funèbre à son professeur, Nikolaï Rimski-Korsakov. La musique est jouée aux obsèques de Rimski, puis apparemment perdue, jusqu’à ce que les partitions soient retrouvées en 2015 dans des archives de Saint-Pétersbourg. Valeri Guerguiev a acquis les droits de donner la première prestation moderne, tandis que Decca a obtenu les droits d’enregistrement. À la première écoute, il est difficile de reconnaître Stravinski. On pourrait confondre les cordes scintillantes et les bois abaissés avec l’écriture de Sibelius ou Richard Strauss. Mais lorsque le basson émet une ligne courte, l’empreinte de Stravinski apparaît. Les trois grands ballets frémissent ensuite sous la surface. Cela dit, ce travail précoce, doux et affectueux, offre de nombreux plaisirs simples.
Deux autres œuvres de jeunesse, Feu d’artifice (op. 4) et Scherzo fantastique (op. 3) et un triptyque de chansons orchestrales nous mènent au plat de résistance de l’album, Le Sacre du printemps. Cette prestation immaculée de Riccardo Chailly et de l’Orchestre du festival de Lucerne évite la brutalité habituelle. Leur Sacre est un rituel plus religieux, moins violent, une convocation spirituelle aux danses déjantées. L’approche de Chailly fait un contraste rafraîchissant à la rudesse russe, une lecture alternative d’un chef-d’œuvre moderniste. Les solos instrumentaux sont élégants et sereins. Le bassoniste anonyme mérite un prix Nobel. NL
Traduit par Mélissa Brien
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