Communiqué | Tahani Rached reçoit prix Albert-Tessier 2023 de l’ONF

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Montréal, le 22 novembre 2023 – L’Office national du film du Canada souligne l’attribution du prix Albert-Tessier 2023 à la grande documentariste Tahani Rached. La lauréate recevra son prix aujourd’hui à l’occasion de la cérémonie officielle des Prix du Québec au Palais Montcalm, à Québec, à 16 h 30. Cette récompense, la plus haute distinction cinématographique québécoise, couronne l’ensemble de sa carrière et atteste l’importance de son apport artistique au cinéma d’ici. Le prix Albert-Tessier est l’un des 17 prix remis aujourd’hui lors de cette cérémonie.

Depuis plus de 40 ans, dont plus de 20 ans à l’ONF, le cinéma de Tahani Rached témoigne d’un engagement social et politique sans faille, au Québec comme ailleurs dans le monde, en plus de revisiter l’art du documentaire avec l’appui de l’animation et de la chanson. Son regard unique sur l’expérience de l’immigration, entre autres, et sa caméra empathique, braquée sur l’espoir, mettent en lumière la parole des gens de différents milieux et de toutes les origines. Mme Rached s’ajoute aux plus de 35 cinéastes et artistes ayant collaboré avec l’ONF qui ont reçu le prix Albert-Tessier, dont Norman McLaren, Michèle Cournoyer, Alanis Obomsawin et Pierre Perrault.

Citation

« L’ONF se réjouit que ce prix culturel d’envergure soit remis à une cinéaste dont les préoccupations sociales et politiques ont une résonance significative dans les temps actuels. Des artistes de la trempe de Tahani Rached, profondément engagée sur le terrain, permettent à notre cinéma de mettre en perspective des enjeux concrets avec beaucoup d’humanité, ici comme ailleurs dans le monde. Une vision plus large dont nous avons tous et toutes besoin aujourd’hui. » — Suzanne Guèvremont, commissaire du gouvernement à la cinématographie et présidente de l’ONF

Le parcours de Tahani Rached

Ses débuts et sa découverte du cinéma

  • Tahani Rached naît au Caire, en Égypte, en 1947. En 1966, elle quitte son pays natal et s’installe au Québec.
  • Passionnée par les arts visuels, elle entre à l’École des beaux-arts à un moment charnière où la réflexion sur les relations entre esthétique et politique devient incontournable et va renouveler de fond en comble l’enseignement des arts et sa pratique au Québec. Portée par cet air du temps, elle change progressivement de champ d’intérêt. Elle ressent de plus en plus le besoin de s’engager pour des causes collectives, notamment par l’action sociale, afin de tenter de changer concrètement les choses. Le cinéma s’avère le moyen d’expression idéal pour elle.
  • De 1972 à 1980, elle réalise notamment des vidéos pour des organismes de coopération internationale, des émissions de télévision sur la communauté arabe du Québec et un premier long métrage documentaire sur les personnes immigrantes au Québec, Les voleurs de job. Ce film notable fait qu’elle est remarquée par Denys Arcand, qui l’invite à participer, avec d’autres cinéastes, au blitz de tournages au moment du référendum de 1980 sur la souveraineté du Québec, qui donnera le célèbre Le confort et l’indifférence.

Son riche passage à l’ONF (1981-2004)

  • En 1981, elle est embauchée à l’ONF comme cinéaste permanente.
  • Son premier film, La phonie furieuse (1982), un court métrage de fiction fantaisiste sur le phénomène du « walkman » et la tendance qu’ont les gens à s’isoler du monde extérieur, prépare le terrain pour les films à venir.
  • Regard sur les points chauds du monde
    • Dans ses films suivants, elle s’emploie à faire connaître les problèmes du monde, du Moyen-Orient à Haïti, en donnant la parole aux populations locales et émigrantes. Aux sujets toujours d’actualité, ces documentaires permettent de mettre en perspective ce qui se passe aujourd’hui.
    • Intégrant des séquences d’animation novatrices, Beyrouth ! « À défaut d’être mort » (1983) montre les conditions dans lesquelles vivent des rescapées et rescapés libanais dans des camps de Beyrouth, après le conflit avec Israël.
    • Haïti, Québec (1985) brosse le portrait d’émigrées et émigrés haïtiens aux prises avec l’exclusion et le racisme.
    • Elle tourne deux films dans une Haïti post-duvaliériste en proie au chaos, Bam Pay A! Rends-moi mon pays (1986) et Haïti, Nous là ! Nou la ! (1987).
    • Dans Quatre femmes d’Égypte (1997), elle donne la parole à quatre femmes engagées dans les luttes sociales de leur pays ; un plaidoyer pour la tolérance, l’amitié et l’engagement social.
    • Soraida, une femme de Palestine (2004) raconte la vie d’une femme à Ramallah, en plein territoire occupé.
  • Les personnes laissées pour compte et les enjeux d’ici
    • Mais Tahani Rached ne tourne pas uniquement à l’étranger. Elle s’intéresse aussi aux enjeux sociaux de sa terre d’adoption et aux personnes qui y sont laissées pour compte.
    • Au Chic Resto Pop (1990) trace un portrait chaleureux et attachant d’un restaurant populaire du quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal et des gens qui y travaillent. Un film tout en musique et en chanson qui renouvelle le documentaire social.
    • Médecins de cœur (1993) soulève des questions éthiques quant au traitement du sida et s’interroge sur les rapports entre les médecins et les personnes atteintes.
    • Urgence ! Deuxième souffle (1999) suit les tribulations d’un groupe d’infirmières d’une urgence dans la région de Montréal.
    • À travers chants (2001) témoigne de la solidarité et de la détermination de gens qui font œuvre commune, celle de chanter dans la chorale de l’Ensemble vocal d’Outremont.
  • Tahani Rached quitte l’ONF en 2004.

Son cinéma actuel en Égypte

  • Tahani Rached réalise comme cinéaste indépendante des documentaires mettant en lumière différentes réalités de son pays natal, l’Égypte. En 2006, elle signe Ces filles-là, sélectionné par le Festival de Cannes, qui suit des adolescentes vivant dans les rues du Caire.
  • En 2010, elle tourne Voisins, sur un petit quartier résidentiel jouxtant le centre-ville du Caire, qui a été un lieu de pouvoir et le siège de puissances politiques internationales dans la capitale égyptienne.
  • En 2012, elle réalise De longue haleine, une chronique de la vie quotidienne d’une famille égyptienne durant les mois post-révolutionnaires en 2011.
  • Elle travaille actuellement à la préparation d’un documentaire pour Arte, Comme s’ils venaient de l’utopie, qui s’intéresse à la révolution égyptienne de 2011 à travers la vie d’une famille d’artistes intellectuels et militants égyptiens.

À voir

  • On peut visionner ici 10 des 11 films qu’a réalisés Tahani Rached à l’ONF. Une belle façon de célébrer son œuvre et sa carrière.

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