Yvon Deschamps raconte La Shop mêle vidéo, musique et arts de la scène. Et c’est surtout la sincérité de l’hommage et le respect flagrant de l’ensemble des artisans du spectacle qui touche au cœur. Au Théâtre Maisonneuve, 26 septembre + Grand Théâtre de Québec, 11 + 12 octobre et supplémentaires yvondeschamps.com.
Ce spectacle hommage tient à la fois du stand-up, de la comédie musicale et du spectacle chorégraphique. Des extraits de chansons québécoises bien connues des années 60 ou 70 introduisent en effet chacun des huit tableaux, donnant à chacun sa couleur (Travailler de Michel Pagliaro, La maudite machine d’Octobre, La vie d’factrie de Clémence DesRochers, etc..).
Le décor planté sur le grand plateau du Théâtre Maisonneuve est inspiré du film de Charlie Chaplin, Les temps modernes (1936), qui évoque les injustices sociales, les autorités abusives et l’asservissement de l’homme par le travail à la chaine. Deux grues, une grille et plusieurs boites que les comédiens manipulent évoquent le travail à la chaine, ses aberrations et ses réalités. Les éléments du décor sont blancs ou gris pâle, les costumes des interprètes (des salopettes) sont blancs aussi et ressortent sur le noir de la scène.
Les gars et les filles de La Shop
Le rôle-titre de narrateur conteur revient bien entendu à Yvon Deschamps, qui apparait par le biais d’extraits vidéo récents, projetés dans une sorte de lucarne sur le mur du fond. La complicité entre David Savard, Sylvain Marcel et Stéphane Archambault coule de source. Ils incarnent chacun une des facettes du gars de La Shop : Le Frondeur, Le Syndicaliste (les unions, qu’ossa donne?) Le Mouton et Elizabeth Dupérré, La Rêveuse, qui complète le quatuor, brille réellement par son talent et sa voix bien posée.
Dans cette dystopie retro-futuriste, il n’y a pas que du réchauffé. À 89 ans bien comptés, Yvon Deschamps parle d’écologie et s’inquiète aussi de l’avenir. Une fois de plus, l’humoriste est lucide et visionnaire et c’est une excellente raison de recommander Yvon Deschamps raconte La Shop au grand public.
Huit danseur.e.s, deux artistes circassiens et trois musiciens (pianiste et direction musicale : Guillaume Marchand, batterie : Benoît Rocheleau , basse électrique : Rachel Hardy-Berlinguet) complètent la distribution du spectacle. Si les artistes circassiens sont impeccables, leurs acrobaties n’enrichissent cependant pas la trame narrative du spectacle. De plus, le plateau du Théâtre Maisonneuve gagnerait à être un peu épuré au niveau du décor, qui est vraiment très chargé. Une version filmée du spectacle serait-elle à venir ? Elle mettrait certainement en valeur les forces de la production.
En conclusion, le réalisateur télé Jean-François Blais, bien connu pour En direct de l’univers et La Voix, propose un spectacle de variété qui comblera les admirateurs d’Yvon Deschamps et les nostalgiques. Au Théâtre Maisonneuve, 26 septembre + supplémentaires + Grand Théâtre de Québec, 11 + 12 octobre et en tournée partout au Québec yvondeschamps.com.