Geneviève L. Blais a installé Nostalgie 2175, l’inquiétante et poétique dystopie de l’autrice allemande Anja Hilling, dans l’écrin du Musée des Hospitalières. www.acorpsperdus.com
Vers la fin de l’année 2175, les chaleurs accablantes, les radiations et la sècheresse ont rendu les humains chauves et infertiles. Mais une jeune serveuse, Pagoda (Émilie Dionne) tombe enceinte. Elle ne porte pas le fruit de l’homme qu’elle aime passionnément – le brillant peintre dermaplaste Taschko (Milo Lacasse) car à la suite d’une monstrueuse attaque sur sa personne, laissé pour mort sous les brulures du soleil, celui-ci ne supporte aucun contact, pas même celui de sa douce Pagoda.
La jeune femme, le cœur brisé, s’est donc laissée brièvement étreindre par Posch (Pascal Contamine) l’homme riche qui a développé la matière avant-gardiste qui protège des radiations, une tapisserie à base de chair humaine la meilleure protection contre la chaleur. Il est aussi le patron de son bien-aimé.
Des thématiques phares
L’amour, la puissance, des personnages de victimes transformées tant physiquement que moralement par les épreuves vécues, un contexte climatique déréglé, le pouvoir destructeur du feu, sont des thématiques phares de l’écriture d’Anja Hilling découvertes dans Tristesse animal noir, une pièce coproduite par le Théâtre PàP et l’Espace Go (2012). Pour ce triptyque, l’autrice allemande s’était inspirée des incendies qui avaient ravagé une partie de la Grèce, en 2007.
Comme dans Tristesse animal noir, Nostalgie 2175 projette un contexte dévasté par le réchauffement climatique. Le spectacle est présenté sous forme de parcours immersif (une force de Geneviève L. Blais) et les déplacements se multiplient pour mettre en valeur les images vidéos d’Emmanuel Granger ou les moments musicaux qui marquent rythment le spectacle. Des casques d’écoute complètent l’expérience immersive.
En dépit de quelques longueurs, la mise en scène de Geneviève L. Blais, avec ses faux airs de théâtre de bric et de broc, est d’une efficacité redoutable. Le spectacle reste à l’esprit – pour sa réussite esthétique et pour le message qu’il transmet. Au moment où inondations, ouragans, sècheresses se succèdent, celui-ci n’a que plus de sens.
Il faut enfin souligner la participation de Symon Henry à l’orgue et aux effets sonores, ainsi que celle de la tatoueuse Katakankabin qui, chaque soir, tatoue un de ses clients durant la représentation. En supplémentaires, jusqu’au 2 octobre. www.acorpsperdus.com