Survival Technologies est un joyeux cercle de palabres que les artistes multidisciplinaires Kamissa Ma Koïta et Elena Stoodley installent, pour contrer la technologie et ses dérives. Édifice Wilder, 30 juin au 3 juin, https://fta.ca/
Depuis le légendaire En français comme en anglais, it’s easy to criticize (FTA 1999) PME-ART poursuit sa démarche vouée à la création d’objets artistiques hybrides, toujours en quête de formes collaboratives originales. C’est cette fois à deux artistes performatives québécoises, de descendance malienne pour l’une et haïtienne pour l’autre, que la compagnie a donné carte blanche.
Les sièges des spectateurs sont disposés en cercle autour d’une petite scène ronde et aux murs sont accrochés de larges pans de papier aluminium oxydé. Avec l’éclairage, on dirait du fer rouillé. Un comédien d’un âge vénérable monte sur scène, il prend une feuille et lit son texte. Il se présente – ancien enseignant et passionné de dessin – et demande qu’on se projette avec lui dans le futur. Mais comment imaginer 2222 ou 3333? L’homme plaide pour une communication faite de danse et de musique.
Le joueur de tambour et les danseuses, qui étaient restées en retrait, entrent dans le cercle, vêtu.e.s de costumes jaune fluo. Une succession de motifs d’inspiration africaine est projetée sur les morceaux d’aluminium pendant que la musique prend son envol. Des croquis futuristes suivront et le traitement des images, altéré, est intéressant. Des maracas, une boite à rythme et des didgeridoo complètent l’arsenal des chanteuses et danseuses.
Elena Stoodley, qui réalise des conceptions sonores pour plusieurs créations théâtrales, dont la pièce M’appelle Mohamed Ali (FTA -2022) et Black Out de la compagnie Tableau d’hôte, fabrique la musique en mixant en direct différentes boucles sonores. Kamissa Ma Koïta, qui dit vouloir retrouver les rites de sa famille malienne et, d’une certaine manière, se mettre dans une posture d’ancêtre du futur, utilise la danse comme outil de résistance et de passation de savoirs ancestraux. Des cris fusent, la danse est allègrement revendicatrice.
Le public se laisse emporter par les élans successifs du spectacle et, à la fois témoin et participant, il oscille au gré des improvisations et de la danse, libéré de la technologie – le temps d’un spectacle. Survival Technologies. Édifice Wilder, 30 juin au 3 juin, https://fta.ca/