Le danseur et chorégraphe libanais Ali Chahrour a ouvert le FTA avec Du temps où ma mère racontait, un spectacle qui relate comment la danse a sauvé un jeune homme de sa famille, parti combattre en Syrie. Monument-National, 22-24 mai https://fta.ca/
Après le succès de May He Rise and Smell the Fragrance (FTA, 2019) Ali Chahrour revient avec une œuvre qui parle d’une histoire intime et qui fait croire que l’art peut un jouer un rôle dans un Liban en perdition.
Dans Du temps où ma mère racontait, deux mères de famille sont confrontées aux tragiques départs de leurs fils. On annonce à l’une la mort de son enfant. L’autre réussira à convaincre son fils de revenir de de sa sinistre aventure syrienne. Le fils prodigue danse depuis avec elle, sous ses yeux pleins de tendresse reconnaissante.
Du temps où ma mère racontait évoque l’amour maternel et la douleur des mères qui attendent mais le spectacle rend aussi hommage à ces femmes moyen-orientales, si mystérieusement puissantes. Ainsi Hala Omran, une comédienne syrienne formée au Conservatoire d`Arts Dramatique de Damas et installée en France depuis 20 ans, ouvre le spectacle avec une déchirante invocation pour ramener le combattant disparu. Laila Chahrour, la mère qui a réussi à convaincre son fils de revenir, a une belle voix et une présence scénique étonnante. Son autorité est saisissante, elle demeure la matriarche même sur scène.
Ali Chahrour livre un solo qui est un petit moment de grâce. Mains au ciel, il laisse la musique se glisser dans son corps. C’est une danse qu’il fait en l’honneur d’Hassan, le décédé. Il dansera aussi plus tard à genoux, autour de Abbas, le fils prodigue. Le reste des mouvements est minimaliste et symbolique. Tous les interprètes regardent directement les spectateurs, comme pour s’assurer qu’ils saisissent bien l’ampleur des horreurs qui leur sont racontées.
Les musiciens (oud, tambours) Ali Hout et Abed Kobeissy sont placés en recul au fond de la scène, leurs instruments sont disposés devant des microphones ou électrifiés. Ils avancent vers le public, sous la structure des lumières, pour livrer leurs solos. La musique est assurément une force du spectacle, les musiciens chantant eux aussi fort bien. Le texte des monologues, en arabe, qui est traduit avec surtitres en français et en anglais, est poétique et on regrette de ne pas comprendre la subtilité de toutes les complaintes.
Du temps où ma mère racontait est peut-être un spectacle d’ouverture peu conventionnel mais c’est un témoignage touchant qui ne peut laisser personne indifférent. Monument-National, 22-24 https://fta.ca/