Critique | QUI A TUÉ MON PÈRE : le retour

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Dernière semaine de QUI A TUÉ MON PÈRE, d’après l’auteur français Édouard Louis, dans une mise en scène épurée de Jérémie Niel. Un spectacle vraiment digne d’intérêt, avec une équipe d’enfer: Félix-Antoine Boutin livre le texte avec finesse, soutenu par Martin Faucher, très solide. Jusqu’au 10 décembre quatsous.com

Félix-Antoine Boutin et Martin Faucher dans QUI A TUÉ MON PÈRE , sur la scène du Quat’Sous. Crédit photo : Fabrice Gaëtan

Félix-Antoine Boutin et Martin Faucher dans QUI A TUÉ MON PÈRE , sur la scène du Quat’Sous.                 Crédit photo : Fabrice Gaëtan

QUI A TUÉ MON PÈRE est tiré du troisième roman, éponyme, d’Édouard Louis. Un écrivain parisien gay, Eddy, rend visite à son père gravement malade, avec qui il avait coupé les ponts, dans le nord de la France. Il revisite son enfance, ose parler au père, qui ne valorisait que la masculinité brute. Très vite, le côté féminin du fils était devenu un sujet de moquerie pour la famille et le village, avec la violence et la pauvreté en toile de fond.

Dans une pénombre chère à Jérémie Niel, (Éclairages Cédric Delorme-Bouchard) les deux hommes se retrouvent autour d’une table de cuisine. Eddy (Félix-Antoine Boutin) nous tourne le dos, en face, le père (Martin Faucher) est vêtu d’habits fatigués (costumes Léonie Blanchet). Muet, tendu, il boit les paroles et l’analyse du fils devenu sociologue. De temps en temps, un éclair de fierté, l’ombre d’un sourire passe sur le visage du père. Puis les deux comédiens se rapprochent, ils bougent comme s’ils étaient aimantés. La complicité est évidente.

La complicité entre Félix-Antoine Boutin et Martin Faucher est évidente. Crédit photo : Fabrice Gaëtan

La complicité entre Félix-Antoine Boutin et Martin Faucher est évidente. Crédit photo : Fabrice Gaëtan

Une manière de tango du pardon se danse sur scène. Dans son long monologue, Eddy laisse l’intime. Il se révolte maintenant contre Macron et Sarkozy, ces politiques avaricieux et leurs décisions qui font tant de mal aux gagne-petit dont son père fait partie. Le fils qui a fui revient pour prendre parole, mettre en perspective et montrer le lien de cause à effet entre violence sociale et familiale. Boutin a une voix un peu fragile et sa silhouette mince convient parfaitement au personnage d’Eddy.

Jérémie Niel adapte avec succès QUI A TUÉ MON PÈRE au théâtre pour la première fois au Québec. Le texte est un état des lieux cruel et le résultat est visuellement réussi. On retrouve le Jérémie Niel qu’on aime. Mention spéciale à la bande son tonitruante mais plaisante qui entrecoupe radicalement le discours d’Eddy (trame sonore Francis Rossignol et Sylvain Bellemare, oscarisé pour la bande son d’Arrival de Denis Villeneuve).

QUI A TUÉ MON PÈRE, de la compagnie Pétrus. À voir jusqu’au 10 décembre quatsous.com

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